gagparti
18 september 2005, 10:15
Le spectre du FN rôde dans le building Apollo
Façades crème, treize étages, antennes paraboliques et des gens qui
discutent d'un balcon �* l'autre. A Charleroi-Nord, les buildings Apollo sont
ceinturés de plus petits bâtiments organisés autour d'un espace vert où
pousse l'herbe folle. L'ensemble est un gros morceau de La Carolorégienne.
Au rez-de-chaussée, une plaque en laiton annonce les permanences de M.
l'échevin Serge Van Bergen, membre du conseil de gestion...
C'est le seul qui a bougé, après les incendies. Pourtant, Serge, 47 ans,
manoeuvre au chômage depuis vingt ans, est écoeuré par les notes de
restaurant des gestionnaires. Moi, quand j'ai payé mon loyer de près de 300
euros pour un studio, plus les charges, qui sont lourdes, il me reste 100
euros par mois pour manger.
Il voudrait échapper �* Apollo où tout se déglingue. L'électricité, la
tuyauterie, la peinture et le moral. Quand tu demandes une réparation, on ne
vient jamais. Et tu dois payer. Alors, je répare moi-même en me demandant
pourquoi ils ont dépensé des millions pour repeindre les immeubles. Ils
auraient mieux fait de réparer ce qui ne se voit pas. C'est dangereux, ici.
Lunettes de soleil, invalide, ancien syndicaliste, 44 ans, Fred évoque la
politique vue depuis Apollo. Il faudrait mettre fin aux injustices. Comme
rien ne change, j'ai décidé de ne plus voter pour le PS, mon parti. Alors,
j'ai choisi le nom d'une femme qui parle bien : Joëlle Milquet, du CDH. Sans
illusions. Bientôt, réplique Serge, on va élever un grand mur. D'un côté,
les riches, de l'autre, nous. Ceux qui n'ont rien, les rebuts.
Serge a déj�* voté FN. Est prêt �* récidiver. J'ai voulu faire peur aux gros
partis pour qu'ils pensent �* nous. Fred rétorque : Jamais je ne voterais
pour eux. C'est grave. Il veut croire �* la mobilisation de la gauche, refuse
les amalgames.
Des charges trop lourdes
Dans les entrailles du building, Lorenzo, 32 ans, menuisier diplômé au
chômage, sort 205 euros par mois pour son studio et critique les charges
aggravant le loyer. J'ai soigné papa pendant un an. Donc, je ne consommais
pas d'énergie, j'habitais chez lui. Je n'ai rien récupéré. Il montre les
prises électriques brûlées, le mur pourri d'humidité, la baignoire brune de
vétusté, le chauffage électrique en panne depuis 2002. Heureusement, j'ai la
télé et le foot. Sinon, je pète les plombs.
Tout se mélange dans un brouillard de problèmes. Des drogués �* la dérive
sont montés au 13e pour balancer un cyclomoteur volé par la balustrade. Tous
se demandent s'il y a encore un gardien, plaignent les ouvriers d'entretien.
Ils ramassent les crasses jetées par ces locataires qui se foutent de tout.
Ajoutez une couche de racisme générée par les avantages qu'auraient les
étrangers - les plus paumés des « rebuts » - et le décrochage démocratique
se concrétise. L�* réside la lutte. Et c'est l�* aussi que l'argent destiné
aux plus pauvres a été méprisé.
Façades crème, treize étages, antennes paraboliques et des gens qui
discutent d'un balcon �* l'autre. A Charleroi-Nord, les buildings Apollo sont
ceinturés de plus petits bâtiments organisés autour d'un espace vert où
pousse l'herbe folle. L'ensemble est un gros morceau de La Carolorégienne.
Au rez-de-chaussée, une plaque en laiton annonce les permanences de M.
l'échevin Serge Van Bergen, membre du conseil de gestion...
C'est le seul qui a bougé, après les incendies. Pourtant, Serge, 47 ans,
manoeuvre au chômage depuis vingt ans, est écoeuré par les notes de
restaurant des gestionnaires. Moi, quand j'ai payé mon loyer de près de 300
euros pour un studio, plus les charges, qui sont lourdes, il me reste 100
euros par mois pour manger.
Il voudrait échapper �* Apollo où tout se déglingue. L'électricité, la
tuyauterie, la peinture et le moral. Quand tu demandes une réparation, on ne
vient jamais. Et tu dois payer. Alors, je répare moi-même en me demandant
pourquoi ils ont dépensé des millions pour repeindre les immeubles. Ils
auraient mieux fait de réparer ce qui ne se voit pas. C'est dangereux, ici.
Lunettes de soleil, invalide, ancien syndicaliste, 44 ans, Fred évoque la
politique vue depuis Apollo. Il faudrait mettre fin aux injustices. Comme
rien ne change, j'ai décidé de ne plus voter pour le PS, mon parti. Alors,
j'ai choisi le nom d'une femme qui parle bien : Joëlle Milquet, du CDH. Sans
illusions. Bientôt, réplique Serge, on va élever un grand mur. D'un côté,
les riches, de l'autre, nous. Ceux qui n'ont rien, les rebuts.
Serge a déj�* voté FN. Est prêt �* récidiver. J'ai voulu faire peur aux gros
partis pour qu'ils pensent �* nous. Fred rétorque : Jamais je ne voterais
pour eux. C'est grave. Il veut croire �* la mobilisation de la gauche, refuse
les amalgames.
Des charges trop lourdes
Dans les entrailles du building, Lorenzo, 32 ans, menuisier diplômé au
chômage, sort 205 euros par mois pour son studio et critique les charges
aggravant le loyer. J'ai soigné papa pendant un an. Donc, je ne consommais
pas d'énergie, j'habitais chez lui. Je n'ai rien récupéré. Il montre les
prises électriques brûlées, le mur pourri d'humidité, la baignoire brune de
vétusté, le chauffage électrique en panne depuis 2002. Heureusement, j'ai la
télé et le foot. Sinon, je pète les plombs.
Tout se mélange dans un brouillard de problèmes. Des drogués �* la dérive
sont montés au 13e pour balancer un cyclomoteur volé par la balustrade. Tous
se demandent s'il y a encore un gardien, plaignent les ouvriers d'entretien.
Ils ramassent les crasses jetées par ces locataires qui se foutent de tout.
Ajoutez une couche de racisme générée par les avantages qu'auraient les
étrangers - les plus paumés des « rebuts » - et le décrochage démocratique
se concrétise. L�* réside la lutte. Et c'est l�* aussi que l'argent destiné
aux plus pauvres a été méprisé.