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View Full Version : Saviez-vous que... - 1073 - le triomphe americain


D'Iberville
6 april 2006, 19:07
.... la France réclamait un procès. La Grande-Bretagne n'en voulait pas.
La Russie était d'accord pour le procès pour autant qu'il fut spectacle
et pour tout dire très "stalinien". Ces trois puissances finirent
pourtant par se rallier �* la proposition d'une quatrième - les
États-Unis - donc �* celle d'un procès chargé de juger non seulement des
individus mais aussi des "organisations" dans un contexte de "complot
contre la Paix"

La proposition américaine n'était peut-être pas la meilleure, mais
c'était assurément la seule possible vu l'époque et les circonstances.
Ceci réglé, restait �* définir la forme et les procédures judiciaires que
suivrait ce "tribunal international". Si le Droit et les procédures
américaines et britanniques étaient cette fois relativement identiques,
tout les séparait en revanche du Droit et des procédures françaises, et
plus encore de ce qui pouvait exister dans l'URSS de Joseph Staline :
quelques jours avant l'ouverture du procès, le juge soviétique, le
général Nikitchtenko, en était encore �* se demander ce qu'il fallait
entendre par "contre-interrogatoire" (1)

Arrivée �* Londres le 20 juin 1945, la délégation américaine chargée de
mettre le procès sur pied n'eut pas trop de mal �* s'entendre avec sa
consoeur britannique sur la formule des débats et une première liste
d'Allemands �* inculper. Les choses se compliquèrent néanmoins avec la
venue des Français, le 24 juin, et surtout avec celle des Russes, le
lendemain. Si les Français contestaient essentiellement certains points
de Droit - comme la notion-même de "complot" �* laquelle les Américains
étaient très attachés - ce ne fut rien en comparaison de l'hostilité
soviétique �* l'égard du "complot" mais aussi du "crime contre la Paix"-
on découvrira pourquoi par la suite - ainsi que de leur volonté maniaque
de tenir le procès �* Berlin, dans leur zone d'Occupation, ce que
refusèrent absolument les Américains. Après une quinzaine de sessions,
et six semaines de débats houleux, les Soviétiques se rallièrent
pourtant, une nouvelle fois, �* la position américaine.

Le procureur général américain, Robert H Jackson, avait en effet fini
par menacer la délégation soviétique de tenir un procès �* trois (USA,
Grande-Bretagne et France) et de laisser les Russes organiser ce qu'ils
voulaient de leur côté. Le problème, c'est que tous les "gros poissons"
du défunt Troisième Reich se trouvaient aux mains des Américains (10),
des Britanniques (5) ou des deux �* la fois (3) Les Français ne
détenaient que le fort pâle Constantin Von Neurath (Ministre des
Affaires étrangères de 1932 �* 1938); les Russes le tout aussi secondaire
amiral Erich Raeder (commandant en chef de la Kriegsmarine jusqu'en 1943)

S'ils voulaient mettre en accusation des ténors comme Hermann Goering ou
Joachim Von Ribbentropp, les Soviétiques n'avaient donc d'autre choix
que d'accepter les positions américaines, ce qu'ils se résignèrent �*
faire le 2 août. Le "complot" fit donc bel et bien partie de l'acte
d'accusation - les Soviétiques allaient bientôt s'en mordre les doigts -
et le procès allait se dérouler �* Nuremberg - donc en zone américaine -
même si les Américains, magnanimes, finirent par consentir �* ce que la
séance d'ouverture se déroule �* Berlin.

Le 8 août, les "Accords de Londres" et le "Statut du Tribunal militaire
international" furent signés. Les choses sérieuses allaient pouvoir
commencer.


(1) Gellately, page 16

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Quotidiennement updatés, et avec photos, les "Saviez-vous que...",
sont enfin disponibles en ligne : http://diberville.blogspot.com/
"It's not having what you want, it's wanting what you've got"