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View Full Version : Saviez-vous que... - 1093 - Funk : le Calimero


D'Iberville
6 april 2006, 19:44
... petit, rondouillard, larmoyant, Walther Funk
(http://photos1.blogger.com/blogger/5471/452/1600/Funk%2C%20Walther.jpg)
est un Calimero égaré dans un monde trop injuste.

Journaliste économique, il se retrouve, un peu par hasard, catapulté
Ministre de l'Économie, puis Président de la Reichsbank au gré des
évictions successives de Hjalmar Schacht, qui le méprise d'ailleurs
souverainement.

A Nuremberg, Funk se présente �* la barre comme l'homme de paille
inoffensif, celui qui n'était au courant de rien et se contentait
d'apposer sa signature sur les documents qu'on lui présentait. En privé,
dans sa cellule, il ne cesse de se plaindre de son sort et de
l'intolérable dégradation de son statut social

"Nous avions une merveilleuse cuisinière qui avait autrefois travaillé
pour un frère de l'empereur François-Joseph. (...) Ma cave �* vins était
réputée pour ses vins rares du Rhin et de la Moselle, et nous avions de
la Chartreuse qui venait des cloîtres mêmes où on la fabriquait (...)
Les Russes ont pillé ma maison de Wannsee. J'avais une bibliothèque de
quatorze mille livres (...) Je peux encore vous dire où se trouvait
chaque livre (...) Ma maison de Bad Tölz avait aussi une belle
bibliothèque, mais plus petite (...) C'est ma femme qui l'avait décorée
et meublée de pièces anciennes, dont un sanctuaire baroque de Würzburg
(...) Ma femme dit que les Américains ont laissé les choses intactes
mais que des Allemands et des Polonais ont volé des effets personnels
tels que du linge et des habits (...) Ma nièce y habite et se charge de
mon ancien personnel domestique" (1)

Indubitablement, le personnage suscite sinon la sympathie, du moins une
certaine indulgence chez les juges qui, même s'ils le décrivent comme
complice de nombreux crimes - et en particulier du recel d'or et de
bijoux littéralement arrachés aux Juifs des camps - lui reconnaissent
néanmoins des circonstances atténuantes : "en dépit du fait qu'il occupa
des postes officiels importants, déclare le Tribunal, Funk ne joua
jamais un rôle prépondérant dans les différents programmes auxquels il
participa. C'est une circonstance atténuante que le tribunal retient en
sa faveur" (2)

Et de fait, bien que reconnu coupable des trois derniers chefs
d'accusation, Funk n'est condamné qu'�* la prison �* vie

"Ils ne vont pas me garder en prison toute ma vie, n'est-ce pas ?" (3)
demande-t-il, visiblement surpris, peu après l'énoncé du verdict.

Il a tort de s'en faire : en 1957, il est libéré de la prison de Spandau
pour "raisons de santé" et meurt paisiblement �* Dusseldorf, le 31 mai 1960

(1) Gellately, page 146
(2) Wieviorka, page 166
(3) ibid, page 176

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Quotidiennement updatés, et avec photos, les "Saviez-vous que...",
sont enfin disponibles en ligne : http://diberville.blogspot.com/
"Davon geht die Welt nicht unter, sieht man sie manchmal auch grau".