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27 augustus 2006, 17:37
http://www.lorientlejour.com/page.aspx?page=article&id=1000060807
Que le projet de résolution franco-américain actuellement examiné �*
l’ONU soit loin de répondre aux attentes du Liban n’est pas trop
surprenant, hélas. Après la terrible disproportion entre les moyens
militaires observée sur le champ de bataille, ce texte ne fait que
confirmer – au plan diplomatique cette fois – le caractère totalement
asymétrique, on y revient, de cette guerre que se livrent un État
surarmé, pathologiquement porté �* l’agression, et une guérilla se
comportant d’autorité comme si elle était un État.
Pas de cessez-le-feu immédiat, mais une simple et bien précaire
cessation des hostilités ; libération inconditionnelle des soldats
israéliens capturés le 12 juillet ; pas de retrait des troupes
israéliennes jusqu’au-del�* de la frontière – et donc pas de retour des
déplacés dans leurs foyers – en attendant un accord politique durable
impliquant la création d’une zone tampon, le désarmement de la
Résistance islamique et l’envoi d’une force internationale : sans
confusion possible, les puissances ont désigné de la sorte les fauteurs
de guerre, réaffirmant leur détermination �* en finir une fois pour
toutes avec l’arsenal du Hezbollah. Il y a doublement problème, cependant.
D’abord en effet, ce projet n’offre �* la Résistance aucun espoir de
compensation politique ou morale en échange de son adieu aux armes,
notamment un mécanisme sérieux visant �* placer sous juridiction de l’ONU
les fermes de Chebaa ; or sans de tels acquis qu’il pourrait brandir
devant ses partisans comme ses détracteurs locaux, on peut parier que le
Hezbollah ne fléchira pas. Mais surtout, ce texte ne facilite guère la
tâche de l’État libanais, supposé être le principal concerné et l’objet
premier de la sollicitude internationale. L’État lui aussi a
désespérément besoin d’acquis et de garanties pour se résoudre �* prendre
le taureau par les cornes, �* rompre avec les anomalies et aberrations du
passé, �* assumer pleinement et sans partage ses responsabilités sur tout
son territoire. Par-dessus tout, l’État a besoin, et le pays tout entier
avec lui, d’un arrêt total, immédiat et définitif du processus de
destruction méthodique en cours.
Vouloir sauver le Liban, c’est fort bien ; mais face �* tant de hargne
dévastatrice déversée sur ce pays, encore faut-il qu’il reste au bout du
compte quelque chose �* sauver. Or Ehud Olmert et ses ministres ne se
gênent guère pour faire part de leur entêtement �* poursuivre les
opérations jusqu’�* la réalisation de leurs objectifs ou l’arrivée sur
place d’une force internationale. De son côté, le Hezbollah se dit
déterminé �* combattre jusqu’au départ du dernier soldat israélien. Et
faussement navrée, Condoleezza Rice se résigne �* l’idée que pendant un
certain temps faut s’attendre �* des escarmouches. Merci du peu !
L’exigence d’amendements au projet franco-américain a-t-elle quelque
chance d’être entendue ? Le Liban, qui n’a jamais eu son mot �* dire dans
le déclenchement de cette guerre, aura-t-il quand même voix au chapitre
dans la construction de la paix ? A-t-il vraiment les moyens de faire
opposition et ne risque-t-il pas, dans ce cas, de réclamer �* tue-tête un
jour ce qu’il rejette aujourd’hui ? De l�* où le Sud était libéré (�*
l’exception du brûlot de Chebaa soigneusement entretenu par Damas),
comment a-t-on pu se retrouver avec une réoccupation sur les bras ?
Hallucinant en tout cas est le spectacle des deux protagonistes de ce
conflit rivalisant d’ardeur pour revendiquer la victoire des armes alors
que le grand perdant est indiscutablement le Liban saccagé, le Liban
avec son millier de morts, son million de déplacés, ses infrastructures
saccagées, l’avenir de ses fils une fois de plus remis en question.
Hallucinantes, encore, ces assises arabes qui, près d’un mois trop tard,
se tiendront aujourd’hui �* Beyrouth pour une toute verbale et verbeuse
manifestation de solidarité avec notre pays. Hallucinants, de même, ces
propos du ministre syrien des AE n’appuyant que du bout des lèvres – et
sous réserve d’un consensus libanais – un plan Siniora unanimement
approuvé pourtant par le gouvernement.
Le mot de la fin, c’est cette séduisante alternative – la poursuite de
la guerre, ou alors la guerre civile – qui semble épouvanter nos bons,
nos secourables voisins syriens. Lesquels, poussant l’abnégation jusqu’�*
délaisser leur Golan captif, se sont dépensés sans compter – et
continuent – pour que dure et perdure la glorieuse épopée du Sud libanais.
Issa GORAIEB
Que le projet de résolution franco-américain actuellement examiné �*
l’ONU soit loin de répondre aux attentes du Liban n’est pas trop
surprenant, hélas. Après la terrible disproportion entre les moyens
militaires observée sur le champ de bataille, ce texte ne fait que
confirmer – au plan diplomatique cette fois – le caractère totalement
asymétrique, on y revient, de cette guerre que se livrent un État
surarmé, pathologiquement porté �* l’agression, et une guérilla se
comportant d’autorité comme si elle était un État.
Pas de cessez-le-feu immédiat, mais une simple et bien précaire
cessation des hostilités ; libération inconditionnelle des soldats
israéliens capturés le 12 juillet ; pas de retrait des troupes
israéliennes jusqu’au-del�* de la frontière – et donc pas de retour des
déplacés dans leurs foyers – en attendant un accord politique durable
impliquant la création d’une zone tampon, le désarmement de la
Résistance islamique et l’envoi d’une force internationale : sans
confusion possible, les puissances ont désigné de la sorte les fauteurs
de guerre, réaffirmant leur détermination �* en finir une fois pour
toutes avec l’arsenal du Hezbollah. Il y a doublement problème, cependant.
D’abord en effet, ce projet n’offre �* la Résistance aucun espoir de
compensation politique ou morale en échange de son adieu aux armes,
notamment un mécanisme sérieux visant �* placer sous juridiction de l’ONU
les fermes de Chebaa ; or sans de tels acquis qu’il pourrait brandir
devant ses partisans comme ses détracteurs locaux, on peut parier que le
Hezbollah ne fléchira pas. Mais surtout, ce texte ne facilite guère la
tâche de l’État libanais, supposé être le principal concerné et l’objet
premier de la sollicitude internationale. L’État lui aussi a
désespérément besoin d’acquis et de garanties pour se résoudre �* prendre
le taureau par les cornes, �* rompre avec les anomalies et aberrations du
passé, �* assumer pleinement et sans partage ses responsabilités sur tout
son territoire. Par-dessus tout, l’État a besoin, et le pays tout entier
avec lui, d’un arrêt total, immédiat et définitif du processus de
destruction méthodique en cours.
Vouloir sauver le Liban, c’est fort bien ; mais face �* tant de hargne
dévastatrice déversée sur ce pays, encore faut-il qu’il reste au bout du
compte quelque chose �* sauver. Or Ehud Olmert et ses ministres ne se
gênent guère pour faire part de leur entêtement �* poursuivre les
opérations jusqu’�* la réalisation de leurs objectifs ou l’arrivée sur
place d’une force internationale. De son côté, le Hezbollah se dit
déterminé �* combattre jusqu’au départ du dernier soldat israélien. Et
faussement navrée, Condoleezza Rice se résigne �* l’idée que pendant un
certain temps faut s’attendre �* des escarmouches. Merci du peu !
L’exigence d’amendements au projet franco-américain a-t-elle quelque
chance d’être entendue ? Le Liban, qui n’a jamais eu son mot �* dire dans
le déclenchement de cette guerre, aura-t-il quand même voix au chapitre
dans la construction de la paix ? A-t-il vraiment les moyens de faire
opposition et ne risque-t-il pas, dans ce cas, de réclamer �* tue-tête un
jour ce qu’il rejette aujourd’hui ? De l�* où le Sud était libéré (�*
l’exception du brûlot de Chebaa soigneusement entretenu par Damas),
comment a-t-on pu se retrouver avec une réoccupation sur les bras ?
Hallucinant en tout cas est le spectacle des deux protagonistes de ce
conflit rivalisant d’ardeur pour revendiquer la victoire des armes alors
que le grand perdant est indiscutablement le Liban saccagé, le Liban
avec son millier de morts, son million de déplacés, ses infrastructures
saccagées, l’avenir de ses fils une fois de plus remis en question.
Hallucinantes, encore, ces assises arabes qui, près d’un mois trop tard,
se tiendront aujourd’hui �* Beyrouth pour une toute verbale et verbeuse
manifestation de solidarité avec notre pays. Hallucinants, de même, ces
propos du ministre syrien des AE n’appuyant que du bout des lèvres – et
sous réserve d’un consensus libanais – un plan Siniora unanimement
approuvé pourtant par le gouvernement.
Le mot de la fin, c’est cette séduisante alternative – la poursuite de
la guerre, ou alors la guerre civile – qui semble épouvanter nos bons,
nos secourables voisins syriens. Lesquels, poussant l’abnégation jusqu’�*
délaisser leur Golan captif, se sont dépensés sans compter – et
continuent – pour que dure et perdure la glorieuse épopée du Sud libanais.
Issa GORAIEB