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27 augustus 2006, 18:12
publié dans The Independent, le 11 août 2006,
http://questionscritiques.free.fr/edito/Independent/Robert_Fisk/Hezbollah_contre_Tsahal_110806.htm
On entend beaucoup de braillements et de rugissements provenant
d'Israël �* propos d'une attaque militaire massive jusqu'au fleuve
Litani. Mais aujourd'hui, ces rugissements et ces braillements, qui
promettent de "déraciner" la "graine" de "terroristes" musulmans chiites
hezbollahi, supposés - du moins dans les fantasmes d'Israël - être les
alliés des ennemis de l'Amérique dans la Guerre contre la Terreur (un
conflit que nous soutenons bien sûr tous religieusement), ont baissé
d'un cran.
Une colonne de blindés israéliens, qui a rampé jusqu'�* l'intérieur
de la ville libanaise chrétienne de Marjayoun - largement peuplée par
les collaborateurs libanais, de 1978 �* 2000, des occupants israéliens -
a bifurqué hier au nord vers Khiam, un village déj�* en grande partie
dépeuplé, pour s'y apercevoir que les guérilleros du Hezbollah
refusaient de se rendre.
La frustration d'Israël - et son sentiment d'avoir perdu, puisque
15 de ses soldats ont été tués dans la seule portion de la zone
frontalière du sud Liban que Tsahal "contrôle" depuis ces dernières 24
heures - était manifeste dans le document potentiellement criminel qu'il
a largué hier au-dessus de Beyrouth. Signé "l'Etat d'Israël" - ce qui a
au moins le mérite de rendre son origine claire - ces tracts annonçaient
que "les Forces de Défense d'Israël ont l'intention d'étendre leurs
opérations dans Beyrouth".
Aïe ! Avons-nous tous dit après l'avoir lu, nous attendant �* plus
de morts parmi les civils. Et nous n'étions pas dépourvus de preuve ! La
décision israélienne, annoncée dans ce document israélien - un carré de
papier voletant, place Riad Solh, au-dessus des boutiquiers et des
employés de bureau, et sur moi - avait été prise parce que les roquettes
du Hezbollah continuaient de tomber sur Israël et �* cause des
"déclarations de leur dirigeant" de la veille au soir. En effet, mardi
soir, Sayed Hassan Nasrallah, le président du Hezbollah, s'était vanté
des 350 missiles que ses membres, selon lui, avaient tirés sur Israël
pendant ces dernières 48 heures et conseilla vivement aux Arabes
israéliens de quitter Haïfa.
Il devrait être dit, aussi, que les soldats israéliens ne sont pas
en train de gagner leur guerre dans le sud-Liban. Mercredi, �* moins de 2
kilomètres de leur propre frontière, ils ont perdu 15 soldats et
beaucoup d'autres ont été blessés. Le plus loin qu'une colonne de
blindés ait pu aller hier était les abords de Khiam, le site de leur
propre prison tristement célèbre où la torture a été pratiquée de 1978 �*
2000. Ce village n'est encore distant que de 2,5 km de la frontière et
ils combattent un ennemi beaucoup plus déterminé et discipliné qu'en
1982, lorsque leur "incursion" les a conduit jusqu'�* Beyrouth.
Les Israéliens ont traversé cette même frontière pour se rendre
compte que leurs ennemis, le Hezbollah, sont prêts �* mourir dans la
bataille - ce qui ne fut pas le cas de l'OLP laïque qu'ils ont
facilement vaincue en 1982. Le Hezbollah est un ennemi différent. Les
affirmations du Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, selon
lesquelles il poursuit la même "guerre contre la terreur" que George
Bush, sont réduite en poussière face �* cet adversaire. Le Hezbollah est
pourvu en officiers par des hommes qui ont passé 18 ans �* combattre les
occupants israéliens et qui ont appris �* leurs dépends qu'un meilleur
armement et une discipline de fer sont plus importants que les discours
nationalistes. Depuis le retrait israélien de 2000, ils ont eu six ans
pendant lesquels ils ont enfoui leurs caches d'armes dans le sous-sol,
et cela dans un secret extraordinaire.
Etonnamment, la chaîne de télévision du Hezbollah, al-Manar, émet
toujours. Et c'est peut-être la rage d'Israël, face �* cette
démonstration surprenante d'initiative technologique, qui l'a conduit �*
cette attaque grotesque, �* Beyrouth-ouest, contre les vieux sémaphore et
transmetteur de radio français, qui remontent �* la période du mandat.
Cette structure, construite par les Français dans les années 30, avait
été, pendant et après le régime de Vichy, une station-relais de Radio
France, mais elle était laissée �* l'abandon depuis 1946. Pourtant, �*
11h20 hier matin, les Israéliens ont gaspillé deux missiles contre cette
tour, prouvant ainsi que leur "guerre contre la terreur" - dans laquelle
ils insistent pour dire qu'ils sont "nos" alliés - remonte �* une époque
où Israël n'existait même pas encore.
Le document largué hier par l'aviation israélienne ordonnait aux
Musulmans chiites des quartiers de Beyrouth, Hay al-Selloum, Bourj
al-Barajneh et Chiyah, d'abandonner leurs foyers "immédiatement".
Autrement dit, l'armée israélienne souhaite "nettoyer" de tout civil les
30 km2 qui séparent l'aéroport de Beyrouth et la vieille ligne de front
chrétienne de la guerre civile �* Galerie Semaan. Ce document méchant se
termine par une menace sinistre - qui viole toutes les règles de la
Convention de Genève �* ce sujet - selon laquelle "chaque expansion des
opérations terroristes du Hezbollah mènera �* une riposte sévère et
puissante et que cette riposte douloureuse ne se limitera pas au gang de
criminels d'Hassan".
Que signifie donc "ne se limitera pas" ? Que ce sont les civils qui
en paieront le prix - cette fois-ci �* Beyrouth - comme ils l'ont payé au
sud-Liban ces trois dernières semaines dans les massacres perpétrer par
l'aviation israélienne !
Eh bien ! Tenez-vous prêts �* plus d'atrocités de la part du
Hezbollah et �* plus d'atrocités israéliennes !
http://questionscritiques.free.fr/edito/Independent/Robert_Fisk/Hezbollah_contre_Tsahal_110806.htm
On entend beaucoup de braillements et de rugissements provenant
d'Israël �* propos d'une attaque militaire massive jusqu'au fleuve
Litani. Mais aujourd'hui, ces rugissements et ces braillements, qui
promettent de "déraciner" la "graine" de "terroristes" musulmans chiites
hezbollahi, supposés - du moins dans les fantasmes d'Israël - être les
alliés des ennemis de l'Amérique dans la Guerre contre la Terreur (un
conflit que nous soutenons bien sûr tous religieusement), ont baissé
d'un cran.
Une colonne de blindés israéliens, qui a rampé jusqu'�* l'intérieur
de la ville libanaise chrétienne de Marjayoun - largement peuplée par
les collaborateurs libanais, de 1978 �* 2000, des occupants israéliens -
a bifurqué hier au nord vers Khiam, un village déj�* en grande partie
dépeuplé, pour s'y apercevoir que les guérilleros du Hezbollah
refusaient de se rendre.
La frustration d'Israël - et son sentiment d'avoir perdu, puisque
15 de ses soldats ont été tués dans la seule portion de la zone
frontalière du sud Liban que Tsahal "contrôle" depuis ces dernières 24
heures - était manifeste dans le document potentiellement criminel qu'il
a largué hier au-dessus de Beyrouth. Signé "l'Etat d'Israël" - ce qui a
au moins le mérite de rendre son origine claire - ces tracts annonçaient
que "les Forces de Défense d'Israël ont l'intention d'étendre leurs
opérations dans Beyrouth".
Aïe ! Avons-nous tous dit après l'avoir lu, nous attendant �* plus
de morts parmi les civils. Et nous n'étions pas dépourvus de preuve ! La
décision israélienne, annoncée dans ce document israélien - un carré de
papier voletant, place Riad Solh, au-dessus des boutiquiers et des
employés de bureau, et sur moi - avait été prise parce que les roquettes
du Hezbollah continuaient de tomber sur Israël et �* cause des
"déclarations de leur dirigeant" de la veille au soir. En effet, mardi
soir, Sayed Hassan Nasrallah, le président du Hezbollah, s'était vanté
des 350 missiles que ses membres, selon lui, avaient tirés sur Israël
pendant ces dernières 48 heures et conseilla vivement aux Arabes
israéliens de quitter Haïfa.
Il devrait être dit, aussi, que les soldats israéliens ne sont pas
en train de gagner leur guerre dans le sud-Liban. Mercredi, �* moins de 2
kilomètres de leur propre frontière, ils ont perdu 15 soldats et
beaucoup d'autres ont été blessés. Le plus loin qu'une colonne de
blindés ait pu aller hier était les abords de Khiam, le site de leur
propre prison tristement célèbre où la torture a été pratiquée de 1978 �*
2000. Ce village n'est encore distant que de 2,5 km de la frontière et
ils combattent un ennemi beaucoup plus déterminé et discipliné qu'en
1982, lorsque leur "incursion" les a conduit jusqu'�* Beyrouth.
Les Israéliens ont traversé cette même frontière pour se rendre
compte que leurs ennemis, le Hezbollah, sont prêts �* mourir dans la
bataille - ce qui ne fut pas le cas de l'OLP laïque qu'ils ont
facilement vaincue en 1982. Le Hezbollah est un ennemi différent. Les
affirmations du Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, selon
lesquelles il poursuit la même "guerre contre la terreur" que George
Bush, sont réduite en poussière face �* cet adversaire. Le Hezbollah est
pourvu en officiers par des hommes qui ont passé 18 ans �* combattre les
occupants israéliens et qui ont appris �* leurs dépends qu'un meilleur
armement et une discipline de fer sont plus importants que les discours
nationalistes. Depuis le retrait israélien de 2000, ils ont eu six ans
pendant lesquels ils ont enfoui leurs caches d'armes dans le sous-sol,
et cela dans un secret extraordinaire.
Etonnamment, la chaîne de télévision du Hezbollah, al-Manar, émet
toujours. Et c'est peut-être la rage d'Israël, face �* cette
démonstration surprenante d'initiative technologique, qui l'a conduit �*
cette attaque grotesque, �* Beyrouth-ouest, contre les vieux sémaphore et
transmetteur de radio français, qui remontent �* la période du mandat.
Cette structure, construite par les Français dans les années 30, avait
été, pendant et après le régime de Vichy, une station-relais de Radio
France, mais elle était laissée �* l'abandon depuis 1946. Pourtant, �*
11h20 hier matin, les Israéliens ont gaspillé deux missiles contre cette
tour, prouvant ainsi que leur "guerre contre la terreur" - dans laquelle
ils insistent pour dire qu'ils sont "nos" alliés - remonte �* une époque
où Israël n'existait même pas encore.
Le document largué hier par l'aviation israélienne ordonnait aux
Musulmans chiites des quartiers de Beyrouth, Hay al-Selloum, Bourj
al-Barajneh et Chiyah, d'abandonner leurs foyers "immédiatement".
Autrement dit, l'armée israélienne souhaite "nettoyer" de tout civil les
30 km2 qui séparent l'aéroport de Beyrouth et la vieille ligne de front
chrétienne de la guerre civile �* Galerie Semaan. Ce document méchant se
termine par une menace sinistre - qui viole toutes les règles de la
Convention de Genève �* ce sujet - selon laquelle "chaque expansion des
opérations terroristes du Hezbollah mènera �* une riposte sévère et
puissante et que cette riposte douloureuse ne se limitera pas au gang de
criminels d'Hassan".
Que signifie donc "ne se limitera pas" ? Que ce sont les civils qui
en paieront le prix - cette fois-ci �* Beyrouth - comme ils l'ont payé au
sud-Liban ces trois dernières semaines dans les massacres perpétrer par
l'aviation israélienne !
Eh bien ! Tenez-vous prêts �* plus d'atrocités de la part du
Hezbollah et �* plus d'atrocités israéliennes !