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View Full Version : USA: La =?iso-8859-1?Q?d=E9mocratie?= passe, la dictature demeure


TwistyCreek
6 september 2006, 13:55
L’Amérique cadenassée, ou la démocratie dictatoriale �* la recherche d’un
“dictateur �* rebours”


Cinq années après l’attaque du 11 septembre 2001, les USA se trouvent dans
une étrange situation. Les analyses tant conceptuelles que plus
précisément juridiques tendent �* nous donner de cette situation
américaniste la vision d’un système bloqué, enfermé dans une logique qu’on
qualifierait, de façon bien surprenante, dans tous les cas de
“dictatoriale”, voire de “totalitaire”. Les événements et les mesures
prises depuis 5 ans nous conduisent �* ce constat.

L’atmosphère est de plus en plus tendue et dramatique. L’administration
est en état de siège autant �* cause de cette situation intérieure tendue
qu’�* cause d’une situation internationale plongée dans un grand désordre
dont elle est essentiellement, voire exclusivement responsable. Un
phénomène intéressant est que la référence �* l’Allemagne nazie est
désormais partout présente dans le débat politique aux USA, aussi bien du
côté des critiques de l’administration que du côté des “offensives”
médiatiques et virtualistes de l’administration (voir l’“offensive finale”
de von Rumsfeld).

La situation structurelle autant que conjoncturelle du pouvoir
américaniste est marquée par quelques grands points.

• Le cadre juridique a été bouleversé de fond en comble par le “Patriot
Act”. Comme l’on sait, certains auteurs, comme Jacob G. Hornberger, le
comparent �* l’ensemble législatif dit “Enabling Act”, imposé par Hitler
après l’incendie du Reichstag en 1934. (Dans cette étonnante comparaison,
Hitler apparaît plus “libéral” puisque sa loi devait être renouvelée
annuellement, �* la différence du “Patriot Act”. On n’arrête pas l’ironie
sacrilège.)

• Le cadre stratégique de l’action du pouvoir est verrouillé par une
notion étrange : la “guerre contre la terreur”, qui est inéluctablement
présentée comme une “guerre sans fin”. Cette guerre n’est pas
officiellement déclarée mais n’en est pas plus illégale pour cela,
puisqu’il n’y a pas d’Etat, ni d’entité juridique reconnue �* qui
“déclarer” la guerre. C’est le paradoxe absurde de la “guerre contre le
terrorisme” : comment peut-on concevoir de déclarer la guerre �* une
méthode, �* une tactique, �* une façon de se battre, etc.? Paradoxe suivi de
son contraire, tout autant absurde : comment dénier formellement qu’il y
ait une guerre si cette guerre déclarée part tant d’autorités officielles
ne peut être, par définition, formellement déclarée par absence d’entité
juridique adéquate chez l’ennemi? Quelque chose d’extrêmement concret et
formel (une “guerre déclarée”) dépend par conséquent d’une perception
interprétative marquée par l’émotion, la panique, l’hystérie, la trouille
carabinée, etc. (9/11 est un acte de guerre, donc il y a guerre, et le
Président des USA déclare : “Je déclare la guerre…”).

• Le tissu officiel de communication et d’information des USA (la MSM, ou
MainStream Media, les think tanks et leurs experts, etc.) a en général
complètement adopté la façon de voir et d’agir de l’administration
(mesures de restriction des libertés aux USA, “guerre sans fin”).
L’auto-conditionnement de la presse officielle est intense, très efficace,
encadré par un réseau serré de commentateurs et d’experts qu’on pourrait
comparer �* des “policiers de la pensée” puisqu’une part de leur travail
est de veiller �* ce que les normes de la doctrine soient respectées par la
presse MSM. Il ne s’agit pas d’une spéculation ou d’une interprétation.
Cette situation résulte d’un bouleversement complet de l’orientation de ce
domaine dans les 30 dernières années, conduit exactement pour ce qu’il
est, dans le but avoué de modifier l’opinion générale. Il s’agit bien d’un
“complot” �* ciel ouvert, qui a obtenu un résultat retentissant
d’efficacité, au vu et au su de tous. On respecte en général cette
réussite sans trop y trouver rien �* redire, et on sacrifie religieusement,
et avec une conviction vertueuse, �* ce nouveau conformisme.

• Le Président est le commandant en chef des armées et il a la
responsabilité de la sécurité de la nation. Tant que la guerre n’est pas
“finie”, il doit veiller �* ce que toutes les diverses mesures en place
perdurent et fassent sentir leurs effets. La guerre ne peut être finie
puisqu’elle est “sans fin”. Cette notion, éventuellement contestable au
départ, a été confortée jusqu’�* devenir une vérité nationale par les
soutiens unanimes de toutes les autorités, du parti démocrate �* l’opinion
publique.

• L’opposition officielle n’existe pas en tant que telle. Le parti
démocrate ne fait pas d’opposition, il collabore, éventuellement d’une
façon critique, �* la politique de l’administration. Il ne conteste ni le
cadre juridique nouveau (qu’il a soutenu par son vote) ni la “guerre
contre la terreur” (qu’il critique seulement comme étant menée
maladroitement ou pas assez vigoureusement). Pour corroborer cette
impression de blocage, également du côté démocrate, on a vu hier le cas de
Hillary Clinton, envisageant d’abandonne ses ambitions présidentielles
pour 2008 selon l’idée que le système fonctionne trop mal pour l’instant
(« “I would not be surprised if she were to decide that the best
contribution she can make to her country is to forget about being
president and become a consensus-maker in the Senate,” said a leading
Democratic party insider. “She believes there is no trust between the two
political sides and that we can’t function as a democracy without it.” »)

• Bien sûr, il peut y avoir un changement de majorité en novembre
prochain. Il aura lieu, sans doute. Et alors ? Bush va être encore plus
critiqué, parce qu’il fait mal la guerre, parce qu’il ne contrôle rien,
parce qu’il est nul, parce qu’il est corrompu, parce qu’il entend de
travers les consignes que Dieu a la grande bonté de lui envoyer.
L’exécutif sera un peu plus bloqué et poursuivra ses manigances. Le
Congrès prendra les mesures qu’il faut : augmenter encore le budget du
Pentagone, par exemple, pour satisfaire quelques groupes de pression dans
des Etats-clé. Sur le fond, rien de changé : toujours le cadre restrictif
de libertés et la “guerre sans fin”, puisque le terroriste n’est pas
réduit. Mais certes, toujours plus de désordre (voir plus loin).

“La démocratie passe, la dictature demeure”

La question qui vient �* l’esprit alors est celle-ci : les USA peuvent-ils,
— s’ils le veulent — sortir de ce cadre tentaculaire où ils se sont placés
? Hornberger, déj�* cité, observe:

« Bush’s rationale for his omnipotent powers, on the other hand, is that,
as the nation’s military commander in chief in the “war on terrorism,” his
omnipotent powers will last as long as the war continues. Of course, since
it is impossible to know with any degree of certainty when the last
terrorist is exterminated or neutralized, that means that for all
practical purposes the “war on terrorism” is perpetual, which means that
Bush’s powers are perpetual as well (and will as well be held by his
democratically elected successor in 2009). »

Nous avons souligné le point qui nous paraît important, qui correspond �*
l’idée implicite du texte de Hornberger, résumée par son titre : « A
Democratic Dictatorship. » La vertu même, — vertu proclamée, dans tous les
cas, — de l’américanisme devient la prison où l’américanisme s’est
enfermé. Il faut en effet peser tout le sens de l’expression : ce sont les
mécanismes même de la démocratie qui interdisent de sortir de la
“dictature”. Ces mécanismes ont permis que le cadre dictatorial soit
installé, — tant le cadre juridique que le cadre spéculatif et de
l’évaluation, que le cadre de la communication. Ce que la démocratie a
fait, seule la démocratie peut le défaire, — ainsi nous dit, stricto
sensu, la pure vertu de ce système qui fait béer d’admiration la plupart
des milieux intellectuels d’Europe occidentale. Ainsi Hornberger nous
dit-il �* nouveau l’essentiel et le fondamental lorsqu’il écrit: « …which
means that Bush’s powers are perpetual as well (and will as well be held
by his democratically elected successor in 2009). »

Cela signifie que l’élection de 2008 ne changera rien par elle-même. GW
parti, le cadre dictatorial qu’il a établi avec la complicité générale et
�* la demande générale reste en place. En un sens, c’est une drôle de
formule, une formule �* contre-emploi — “la démocratie passe, la dictature
demeure”. Le Président n’est pas un dictateur, il est le premier officier
de la République au service du cadre que la République veut pour
elle-même, — fût-ce un cadre dictatorial. On voit bien que GW ne compte
pas pour grand’chose, non plus éventuellement que son successeur, fût-ce
un successeur femme, — et l’on comprend alors les hésitations d’Hillary.

Car la question devient alors: que peut ce successeur? Peut-il bouleverser
de fond en comble la scène américaniste pour briser le cadre dictatorial
où elle s’es inscrite depuis 9/11? Il faudrait d’abord qu’il le veuille.
Rien n’est moins sûr. Admettons pourtant cette hypothèse extrême : il le
veut, — le pourrait-il pour autant?

La scène américaniste est un imbroglio de forces plus ou moins
concurrentes tactiquement, liés par un intérêt stratégique fondamental
commun. Le premier point (tactiques concurrentes) implique par la
résultante de forces qui s’annulent une absence de changement
d’orientation fondamentale des événements courants, notamment par le
surgissement d’un acteur plus puissant que les autres imposant sa volonté
aux autres ; le second point implique une fidélité générale au cadre
commun. (Les deux points s’additionnent pour créer cette constante
écrasante du caractère américaniste : un conformisme de fer.) Le cadre
américaniste a été bouleversé de fond en comble avec 9/11 et aussitôt
après ; puis il s’est figé. Les concurrences tactiques jouent �* nouveau et
empêchent un changement d’orientation. Même si certains s’en émeuvent,
reste la fidélité générale au système.

Un nouveau président qui voudrait changer radicalement le cadre actuel
(restriction des libertés publiques, “guerre sans fin”) se heurterait �*
des coalitions ad hoc rassemblant la bureaucratie, l’industrie, les
experts, le monde de l’information et des communications qui dispense un
effet terroriste d’obligation de conformisme. Il faut admettre que
n’importe pas le contenu des choses, — par exemple, l’absurdité de la
“guerre sans fin” — mais importe la nécessité de ne rien modifier de
fondamental dans l’équilibre des forces. La restriction des libertés
publiques et la “guerre sans fin” forment le mot d’ordre du nouveau
conformisme. Aucun président post-GW ne pourra briser cela, il y perdrait
son autorité, sa puissance, peut-être sa position.

Conclusion : il faudrait un coup de force pour changer l’orientation du
système �* partir de 2009. Il faudrait… un dictateur ?! Exactement :
disons, un “dictateur �* rebours” pour défaire le cadre dictatorial qui a
été démocratiquement imposé par le système de la Grande République. Si ce
n’est un blocage, c’est au moins son jumeau.

Perspective : la Grande République va-t-elle devenir une dictature ? Pas
du tout. Elle l’est déj�* au plus qu’elle peut l’être. Elle garde d’autres
structures essentielles, basées absolument sur la liberté et qu’il est
impensable, absolument impensable de restreindre (la privatisation, le
marché libre, Wall Street, Halliburton et les lobbies, les parlementaires
qu’il faut arroser, le fric partout, tout cela se nourrit de liberté). La
Grande République va donc continuer �* marcher en boitant, en claudiquant,
en se contredisant, en fulminant, en dénonçant le Rest Of the World, en
faisant erreur sur erreur, en proclamant partout la liberté et la
démocratie radicale avec des actes et des mesures dictatoriales. Ne
cherchez aucun machiavélisme, vous trouveriez porte close et cerveaux
absents. Par contre, vous aurez du désordre, encore du désordre, toujours
du désordre. La tension continuera �* monter, les psychologies �* s’exalter.
Et le système, le pauvre, qui n’aime pas le désordre.

Le jeu passionnant est celui de la “Fin Dernière” : qu’est-ce qu’il se
passe au bout de tout cela ? Langue au chat.





--
commentaires: http://www.dedefensa.org/section.php?section_id=9

Spartacus
6 september 2006, 14:45
TwistyCreek a écrit :
> L’Amérique cadenassée, ou la démocratie dictatoriale �* la recherche d’un
> “dictateur �* rebours”
>
>
> Cinq années après l’attaque du 11 septembre 2001, les USA se trouvent dans
> une étrange situation. Les analyses tant conceptuelles que plus
> précisément juridiques tendent �* nous donner de cette situation
> américaniste la vision d’un système bloqué, enfermé dans une logique qu’on
> qualifierait, de façon bien surprenante, dans tous les cas de
> “dictatoriale”, voire de “totalitaire”. Les événements et les mesures
> prises depuis 5 ans nous conduisent �* ce constat.
>
> L’atmosphère est de plus en plus tendue et dramatique. L’administration
> est en état de siège autant �* cause de cette situation intérieure tendue
> qu’�* cause d’une situation internationale plongée dans un grand désordre
> dont elle est essentiellement, voire exclusivement responsable. Un
> phénomène intéressant est que la référence �* l’Allemagne nazie est
> désormais partout présente dans le débat politique aux USA, aussi bien du
> côté des critiques de l’administration que du côté des “offensives”
> médiatiques et virtualistes de l’administration (voir l’“offensive finale”
> de von Rumsfeld).
>
> La situation structurelle autant que conjoncturelle du pouvoir
> américaniste est marquée par quelques grands points.
>
> • Le cadre juridique a été bouleversé de fond en comble par le “Patriot
> Act”. Comme l’on sait, certains auteurs, comme Jacob G. Hornberger, le
> comparent �* l’ensemble législatif dit “Enabling Act”, imposé par Hitler
> après l’incendie du Reichstag en 1934. (Dans cette étonnante comparaison,
> Hitler apparaît plus “libéral” puisque sa loi devait être renouvelée
> annuellement, �* la différence du “Patriot Act”. On n’arrête pas l’ironie
> sacrilège.)
>
> • Le cadre stratégique de l’action du pouvoir est verrouillé par une
> notion étrange : la “guerre contre la terreur”, qui est inéluctablement
> présentée comme une “guerre sans fin”. Cette guerre n’est pas
> officiellement déclarée mais n’en est pas plus illégale pour cela,
> puisqu’il n’y a pas d’Etat, ni d’entité juridique reconnue �* qui
> “déclarer” la guerre. C’est le paradoxe absurde de la “guerre contre le
> terrorisme” : comment peut-on concevoir de déclarer la guerre �* une
> méthode, �* une tactique, �* une façon de se battre, etc.? Paradoxe suivi de
> son contraire, tout autant absurde : comment dénier formellement qu’il y
> ait une guerre si cette guerre déclarée part tant d’autorités officielles
> ne peut être, par définition, formellement déclarée par absence d’entité
> juridique adéquate chez l’ennemi? Quelque chose d’extrêmement concret et
> formel (une “guerre déclarée”) dépend par conséquent d’une perception
> interprétative marquée par l’émotion, la panique, l’hystérie, la trouille
> carabinée, etc. (9/11 est un acte de guerre, donc il y a guerre, et le
> Président des USA déclare : “Je déclare la guerre…”).
>
> • Le tissu officiel de communication et d’information des USA (la MSM, ou
> MainStream Media, les think tanks et leurs experts, etc.) a en général
> complètement adopté la façon de voir et d’agir de l’administration
> (mesures de restriction des libertés aux USA, “guerre sans fin”).
> L’auto-conditionnement de la presse officielle est intense, très efficace,
> encadré par un réseau serré de commentateurs et d’experts qu’on pourrait
> comparer �* des “policiers de la pensée” puisqu’une part de leur travail
> est de veiller �* ce que les normes de la doctrine soient respectées par la
> presse MSM. Il ne s’agit pas d’une spéculation ou d’une interprétation.
> Cette situation résulte d’un bouleversement complet de l’orientation de ce
> domaine dans les 30 dernières années, conduit exactement pour ce qu’il
> est, dans le but avoué de modifier l’opinion générale. Il s’agit bien d’un
> “complot” �* ciel ouvert, qui a obtenu un résultat retentissant
> d’efficacité, au vu et au su de tous. On respecte en général cette
> réussite sans trop y trouver rien �* redire, et on sacrifie religieusement,
> et avec une conviction vertueuse, �* ce nouveau conformisme.
>
> • Le Président est le commandant en chef des armées et il a la
> responsabilité de la sécurité de la nation. Tant que la guerre n’est pas
> “finie”, il doit veiller �* ce que toutes les diverses mesures en place
> perdurent et fassent sentir leurs effets. La guerre ne peut être finie
> puisqu’elle est “sans fin”. Cette notion, éventuellement contestable au
> départ, a été confortée jusqu’�* devenir une vérité nationale par les
> soutiens unanimes de toutes les autorités, du parti démocrate �* l’opinion
> publique.
>
> • L’opposition officielle n’existe pas en tant que telle. Le parti
> démocrate ne fait pas d’opposition, il collabore, éventuellement d’une
> façon critique, �* la politique de l’administration. Il ne conteste ni le
> cadre juridique nouveau (qu’il a soutenu par son vote) ni la “guerre
> contre la terreur” (qu’il critique seulement comme étant menée
> maladroitement ou pas assez vigoureusement). Pour corroborer cette
> impression de blocage, également du côté démocrate, on a vu hier le cas de
> Hillary Clinton, envisageant d’abandonne ses ambitions présidentielles
> pour 2008 selon l’idée que le système fonctionne trop mal pour l’instant
> (« “I would not be surprised if she were to decide that the best
> contribution she can make to her country is to forget about being
> president and become a consensus-maker in the Senate,” said a leading
> Democratic party insider. “She believes there is no trust between the two
> political sides and that we can’t function as a democracy without it.” »)
>
> • Bien sûr, il peut y avoir un changement de majorité en novembre
> prochain. Il aura lieu, sans doute. Et alors ? Bush va être encore plus
> critiqué, parce qu’il fait mal la guerre, parce qu’il ne contrôle rien,
> parce qu’il est nul, parce qu’il est corrompu, parce qu’il entend de
> travers les consignes que Dieu a la grande bonté de lui envoyer.
> L’exécutif sera un peu plus bloqué et poursuivra ses manigances. Le
> Congrès prendra les mesures qu’il faut : augmenter encore le budget du
> Pentagone, par exemple, pour satisfaire quelques groupes de pression dans
> des Etats-clé. Sur le fond, rien de changé : toujours le cadre restrictif
> de libertés et la “guerre sans fin”, puisque le terroriste n’est pas
> réduit. Mais certes, toujours plus de désordre (voir plus loin).
>
> “La démocratie passe, la dictature demeure”
>
> La question qui vient �* l’esprit alors est celle-ci : les USA peuvent-ils,
> — s’ils le veulent — sortir de ce cadre tentaculaire où ils se sont placés
> ? Hornberger, déj�* cité, observe:
>
> « Bush’s rationale for his omnipotent powers, on the other hand, is that,
> as the nation’s military commander in chief in the “war on terrorism,” his
> omnipotent powers will last as long as the war continues. Of course, since
> it is impossible to know with any degree of certainty when the last
> terrorist is exterminated or neutralized, that means that for all
> practical purposes the “war on terrorism” is perpetual, which means that
> Bush’s powers are perpetual as well (and will as well be held by his
> democratically elected successor in 2009). »
>
> Nous avons souligné le point qui nous paraît important, qui correspond �*
> l’idée implicite du texte de Hornberger, résumée par son titre : « A
> Democratic Dictatorship. » La vertu même, — vertu proclamée, dans tous les
> cas, — de l’américanisme devient la prison où l’américanisme s’est
> enfermé. Il faut en effet peser tout le sens de l’expression : ce sont les
> mécanismes même de la démocratie qui interdisent de sortir de la
> “dictature”. Ces mécanismes ont permis que le cadre dictatorial soit
> installé, — tant le cadre juridique que le cadre spéculatif et de
> l’évaluation, que le cadre de la communication. Ce que la démocratie a
> fait, seule la démocratie peut le défaire, — ainsi nous dit, stricto
> sensu, la pure vertu de ce système qui fait béer d’admiration la plupart
> des milieux intellectuels d’Europe occidentale. Ainsi Hornberger nous
> dit-il �* nouveau l’essentiel et le fondamental lorsqu’il écrit: « …which
> means that Bush’s powers are perpetual as well (and will as well be held
> by his democratically elected successor in 2009). »
>
> Cela signifie que l’élection de 2008 ne changera rien par elle-même. GW
> parti, le cadre dictatorial qu’il a établi avec la complicité générale et
> �* la demande générale reste en place. En un sens, c’est une drôle de
> formule, une formule �* contre-emploi — “la démocratie passe, la dictature
> demeure”. Le Président n’est pas un dictateur, il est le premier officier
> de la République au service du cadre que la République veut pour
> elle-même, — fût-ce un cadre dictatorial. On voit bien que GW ne compte
> pas pour grand’chose, non plus éventuellement que son successeur, fût-ce
> un successeur femme, — et l’on comprend alors les hésitations d’Hillary.
>
> Car la question devient alors: que peut ce successeur? Peut-il bouleverser
> de fond en comble la scène américaniste pour briser le cadre dictatorial
> où elle s’es inscrite depuis 9/11? Il faudrait d’abord qu’il le veuille.
> Rien n’est moins sûr. Admettons pourtant cette hypothèse extrême : il le
> veut, — le pourrait-il pour autant?
>
> La scène américaniste est un imbroglio de forces plus ou moins
> concurrentes tactiquement, liés par un intérêt stratégique fondamental
> commun. Le premier point (tactiques concurrentes) implique par la
> résultante de forces qui s’annulent une absence de changement
> d’orientation fondamentale des événements courants, notamment par le
> surgissement d’un acteur plus puissant que les autres imposant sa volonté
> aux autres ; le second point implique une fidélité générale au cadre
> commun. (Les deux points s’additionnent pour créer cette constante
> écrasante du caractère américaniste : un conformisme de fer.) Le cadre
> américaniste a été bouleversé de fond en comble avec 9/11 et aussitôt
> après ; puis il s’est figé. Les concurrences tactiques jouent �* nouveau et
> empêchent un changement d’orientation. Même si certains s’en émeuvent,
> reste la fidélité générale au système.
>
> Un nouveau président qui voudrait changer radicalement le cadre actuel
> (restriction des libertés publiques, “guerre sans fin”) se heurterait �*
> des coalitions ad hoc rassemblant la bureaucratie, l’industrie, les
> experts, le monde de l’information et des communications qui dispense un
> effet terroriste d’obligation de conformisme. Il faut admettre que
> n’importe pas le contenu des choses, — par exemple, l’absurdité de la
> “guerre sans fin” — mais importe la nécessité de ne rien modifier de
> fondamental dans l’équilibre des forces. La restriction des libertés
> publiques et la “guerre sans fin” forment le mot d’ordre du nouveau
> conformisme. Aucun président post-GW ne pourra briser cela, il y perdrait
> son autorité, sa puissance, peut-être sa position.
>
> Conclusion : il faudrait un coup de force pour changer l’orientation du
> système �* partir de 2009. Il faudrait… un dictateur ?! Exactement :
> disons, un “dictateur �* rebours” pour défaire le cadre dictatorial qui a
> été démocratiquement imposé par le système de la Grande République. Si ce
> n’est un blocage, c’est au moins son jumeau.
>
> Perspective : la Grande République va-t-elle devenir une dictature ? Pas
> du tout. Elle l’est déj�* au plus qu’elle peut l’être. Elle garde d’autres
> structures essentielles, basées absolument sur la liberté et qu’il est
> impensable, absolument impensable de restreindre (la privatisation, le
> marché libre, Wall Street, Halliburton et les lobbies, les parlementaires
> qu’il faut arroser, le fric partout, tout cela se nourrit de liberté). La
> Grande République va donc continuer �* marcher en boitant, en claudiquant,
> en se contredisant, en fulminant, en dénonçant le Rest Of the World, en
> faisant erreur sur erreur, en proclamant partout la liberté et la
> démocratie radicale avec des actes et des mesures dictatoriales. Ne
> cherchez aucun machiavélisme, vous trouveriez porte close et cerveaux
> absents. Par contre, vous aurez du désordre, encore du désordre, toujours
> du désordre. La tension continuera �* monter, les psychologies �* s’exalter.
> Et le système, le pauvre, qui n’aime pas le désordre.
>
> Le jeu passionnant est celui de la “Fin Dernière” : qu’est-ce qu’il se
> passe au bout de tout cela ? Langue au chat.
>
>
>
>
>
> --
> commentaires: http://www.dedefensa.org/section.php?section_id=9
>
>
La Grandre République, comme vous l'appelez, est trop orgueilleuse.
C'est l�* son principal problème sur le plan international.

Foglia dans La Presse disait que les problèmes de l'Amérique vont
s'arranger avec le temps. Mais, si je me fie au cadre juridique dans
lequel les choses se passent aux USA, le temps va être très long.

L'Amérique porte une fausse ceinture de chasteté. Bush et ses faucons
sont un peu les architectes du cadre quasi dictatorial, selon votre
expression, aux USA. Ils sont trop aliénés de leur propre aveuglement
pour pouvoir s'en rendre compte.

Nos architectes étatuniens, hier et aujourd'hui, continuent de faire ce
qu'il faut pour essayer de jeter de la poudre aux yeux au reste de la
nation. Bref, ils se sont fait un cadre tellement rigide qu'ils en sont
devenus eux-mêmes �* la fois prisonniers et geôliers.

À voir le cadre restrictif, rigide des USA actuelles, il faudra du temps
et du courage avant que des gens se lèvent vraiment pour voir les choses
un peu plus au-dessus de la mêlée.



--
Spartacus
[email protected]