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View Full Version : Des pays qui se targuent =?iso-8859-1?Q?d'=C3=AAtre?= des Etats de


TwistyCreek
7 september 2006, 08:55
Gaza, 27 août. Deux missiles israéliens frappent une voiture de l'agence
de presse Reuters. Un des deux journalistes est grièvement blessé. Les ONG
protestent. Tsahal réplique : ils "n'auraient pas dû être l�*". Quelques
mots, quelques lignes relatent l'incident et on passe �* autre chose. Les
victimes dans cette partie du monde sont si nombreuses, n'est-ce pas ?
Au Liban, dans les territoires palestiniens, en Irak.
C'est vrai, il y a toujours plus grave.

Pourtant, cette nouvelle bavure des forces israéliennes mérite un peu plus
d'attention. Et pour des raisons qui ne sont pas forcément corporatistes.

D'abord, il ne s'agit pas d'une exception. Depuis 2000, plus de soixante
journalistes ont été blessés par balles alors qu'ils couvraient le conflit
entre Israéliens et Palestiniens. Dans l'écrasante majorité des cas, ces
blessures ont été occasionnées par des tirs israéliens. Pas moins de cinq
journalistes ont été tués. Eux aussi par des soldats de Tsahal. Cela fait
beaucoup. Beaucoup trop si l'on ajoute �* cette liste les journalistes
blessés ou tués par les bombardements de cet été au Liban. D'autant que
jamais les causes de ces "accidents" n'ont été clairement établies, faute
d'enquêtes dignes de ce nom. Et, bien sûr, personne n'a été ni condamné,
ni poursuivi, ni même inquiété. Ainsi l'intention s'efface-t-elle derrière
une fatalité qu'on s'empresse d'oublier.

Il y a plus. Ces dernières semaines apportent la preuve que les autorités
israéliennes ont désormais une conviction : elles peuvent, au nom de la
sécurité de leurs citoyens, faire taire ceux qui partagent et diffusent
les points de vue de leurs "ennemis". On ne comptait déj�* plus les radios
et les télévisions palestiniennes détruites durant la seconde Intifada.
On
a maintenant en mémoire le bombardement des studios ou des émetteurs de
plusieurs télévisions libanaises. D'Al-Manar, la télévision du Hezbollah,
�* la chaîne LBC, une sorte de TF1 �* la mode beyrouthine.

Est-ce légitime ? La réponse est non. Catégoriquement non. Le droit
international l'affirme sans équivoque : en vertu des Conventions de
Genève, les équipements comme les installations des médias sont des biens
de caractère civil et bénéficient, �* ce titre, de la protection qui leur
est due. Même dans le cas d'Al-Manar ? Oui, même dans le cas de cette
télévision qui, selon Israël, constitue une cible militaire légitime dans
la mesure où elle relaie la propagande de l'un des belligérants. Un
argument spécieux : le droit international humanitaire précise que la
propagande, inhérente �* tout conflit, a pour but de soutenir le moral de
la population et ne peut être considérée comme un objectif militaire. Les
"médias de propagande" ne remplissent en aucun cas des critères comme la
"contribution effective �* l'action militaire" ou "l'avantage militaire
précis" requis pour justifier leur destruction.

Quant aux professionnels de l'information, ils bénéficient du même statut
que les personnes civiles et doivent être protégés en tant que telles.
Rien, absolument rien, n'autorise l'assimilation des journalistes en
particulier et des médias en général �* des objectifs militaires.

Les autorités israéliennes ont manifestement choisi d'ignorer le droit.
Tout comme d'ailleurs l'OTAN quand ses forces ont bombardé, en pleine
guerre du Kosovo, les bâtiments de la télévision serbe de Belgrade,
provoquant la mort de 16 personnes. Ou l'aviation américaine lorsqu'elle a
détruit les locaux d'Al-Jazira �* Kaboul et �* Bagdad. Hélas, la logique
de
guerre l'emporte toujours sur le respect de ces lois. Même pour des pays
qui se targuent d'être des Etats de droit et d'en exporter le modèle de
libertés et de démocratie.

Evidemment, les propos tenus sur certains de ces médias - par exemple, ce
feuilleton rageusement antisémite diffusé par Al-Manar - nous indignent,
et c'est un faible mot. Une indignation qui ne peut cependant justifier
qu'on transgresse les règles établies par la communauté des nations. Sans
se gargariser de grandes phrases, il faut rappeler que la fin ne justifie
jamais tous les moyens. Sauf �* se déconsidérer et, du même coup, �*
disqualifier les valeurs qu'on est censé défendre.

La liberté de la presse que chacun invoque du haut des tribunes, trémolos
dans la voix, n'est pas seulement valable pour soi-même et ses amis. Elle
doit aussi l'être pour ses ennemis.

par:Pierre Veilletet et Robert Ménard


Pierre Veilletet est président de Reporters sans frontières.
Robert Ménard est secrétaire général de Reporters sans frontières.

Clavier
7 september 2006, 10:25
TwistyCreek wrote:
> Gaza, 27 août. Deux missiles israéliens frappent une voiture de l'agence
> de presse Reuters. Un des deux journalistes est grièvement blessé. Les ONG
> protestent. Tsahal réplique : ils "n'auraient pas dû être l�*". Quelques
> mots, quelques lignes relatent l'incident et on passe �* autre chose. Les
> victimes dans cette partie du monde sont si nombreuses, n'est-ce pas ?

Il y a des endroits plus dangereux que d'autre, et le fait d'être
journaliste ne confère aucune invulnérabilité .

D'Iberville
7 september 2006, 10:55
Clavier a écrit :
> TwistyCreek wrote:
>> Gaza, 27 août. Deux missiles israéliens frappent une voiture de l'agence
>> de presse Reuters. Un des deux journalistes est grièvement blessé. Les ONG
>> protestent. Tsahal réplique : ils "n'auraient pas dû être l�*". Quelques
>> mots, quelques lignes relatent l'incident et on passe �* autre chose. Les
>> victimes dans cette partie du monde sont si nombreuses, n'est-ce pas ?
>
> Il y a des endroits plus dangereux que d'autre, et le fait d'être
> journaliste ne confère aucune invulnérabilité .

D'ailleurs, les endroits les plus dangereux, comme la Tchétchénie, le
Congo ou le Darfour, sont les endroits où les journalistes ne vont
jamais ;-)



--
Quotidiennement updatés, et avec photos, les "Saviez-vous que...",
sont enfin disponibles en ligne : http://diberville.blogspot.com/
"Davon geht die Welt nicht unter, sieht man sie manchmal auch grau".

Massine
7 september 2006, 11:55
> D'ailleurs, les endroits les plus dangereux, comme la Tchétchénie, le
> Congo ou le Darfour, sont les endroits où les journalistes ne vont
> jamais ;-)

Faire diversion avec le Darfour, la Tchétchénie n'est qu'une fuite en
avant.
Juste une question : Quel est ton sentiment lorsque tu sais que tu
appartiens au peuple le plus sanguinaire sur terre?

D'Iberville
7 september 2006, 23:05
Massine a écrit :
>> D'ailleurs, les endroits les plus dangereux, comme la Tchétchénie, le
>> Congo ou le Darfour, sont les endroits où les journalistes ne vont
>> jamais ;-)
>
> Faire diversion avec le Darfour, la Tchétchénie n'est qu'une fuite en
> avant.

Non, c'est une réalité : au Darfour, en Tchétchénie, les journalistes ne
risquent rien. Ils n'y vont jamais


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