PAJOT |
17 april 2004 18:38 |
Citaat:
«Nous n'avons pas de problèmes, ici»
VINCENT ROCOUR
Mis en ligne le 16/04/2004
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Le bourgmestre d'Overijse menace de boycotter les élections si l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde n'est pas scindé.
Le communautaire revient au galop dans la commune.
Au grand dam des habitants qui se croyaient au calme.
JOHANNA de TESSIÈRES
REPORTAGE
Overijse a été brutalement ramenée au coeur du contentieux belgo-belge. Son bourgmestre, Dirk Brankaer, sans étiquette officielle, mais proche du CD&V, refuse, avec 8 autres collègues de la périphérie bruxelloise, d'organiser les élections européennes si l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde n'est pas scindé avant le 13 juin (lire ci-contre). « Ici, nous sommes en Flandre, lâche-t-il, détendu en cette après-midi ensoleillée. Il n'y a aucune raison que les francophones puissent voter pour des listes francophones. »
La phraséologie est connue. Elle n'étonne pas dans la population. « Le père de Dirk Brankaer était déj�* un excité linguistique », avance un habitant. Mais elle semble un peu démodée �* présent. Eric Poswick de Crawhez (MR) est conseiller communal �* Overijse depuis 1973. Il a vécu de près certains moments de grande tension communautaire, singulièrement dans les années 70 et 80. Mais pour lui, les choses sont désormais apaisées. « Le Taalaktiekomitee (TAK), dit-il, vient de temps en temps pousser une gueulante. Puis on ne l'entend plus pendant un an. Pour les gens en tout cas, et j'en côtoie beaucoup, des francophones comme des néerlandophones, les querelles communautaires sont des bêtises. Ils s'en fichent comme de colin tampon.»
Pierre Zéler (CDH), conseiller communal �* Overijse depuis 1982, pense globalement la même chose. « Tout le monde s'entend bien ici, témoigne-t-il. Nous n'avons aucun problème. A part peut-être avec l'administration communale...» Pierre Zéler a bien eu maille �* partir avec les sbires du TAK. Les locaux de l'unité scoute Val Notre Dame dont il est le trésorier ont notamment été saccagés �* plusieurs reprises par des militants flamingants avant d'être déplacés en lieu plus sûr. Mais, il en a l'intime conviction, ces perturbateurs venaient d'Audenarde, d'Anvers ou d'ailleurs en Flandre. « En général, ce n'étaient pas des habitants d'Overijse.»
Et les tags sur les façades des magasins jugés «francophiles» ? Et les autocollants rappelant �* tous les carrefours que la commune est en terre flamande? « On ne les voit plus », dit un passant. Du folklore. Ou presque.
Homogénéité linguistique
Mais on ne s'y trompera pas: �* Overijse, on applique la loi linguistique d'une main de fer. Une note interne �* l'administration communale stipule que les fonctionnaires ne peuvent s'adresser �* quelqu'un, même �* un étranger, autrement qu'en néerlandais. Et pas question de parler une autre langue lors du conseil communal. On raconte qu'un jour, le bourgmestre a coupé la parole d'un conseiller qui s'était mis �* lire le titre d'un article publié dans un journal... italien.
Pourquoi ce réflexe identitaire? Complexe d'infériorité? C'est possible. Les Flamands de la commune ne représentent que 48 pc de la population. Ils doivent composer avec 32 pc de francophones et 20 pc de ressortissants européens pour qui Overijse est « une jolie cité-dortoir ». Ils disposent pourtant de la majorité au pouvoir communal. Cela doit être éternel.
La Libre Belgique
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