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19 maart 2007 15:13 |
Week van de francophonie
[SIZE=2]Vooral in Franstalige landen wordt het deze week gevierd: van 17 tot 25 maart is het de Internationale Week van de Francofonie. Waarom een Franse week? "Het is alsof je aan de vissen vraagt het water in hun kom te vieren", zei enkele jaren geleden de taalkundige Bernard Cerquiglini, een belangrijk adviseur van de Zwitserse minister-president in taalzaken. "Zoals het water in hun kom voor de vissen, is de taal doorzichtig geworden, natuurlijk, vanzelfsprekend. Het is daarom nuttig om eenmaal per jaar die taal te vieren die ons gemeenschappelijk goed is, het cement van de maatschappij, het basiselement van de cultuur en van de toegang tot de cultuur." De Zwitserse krant Le Temps heeft er een achtergrondartikel over.
Du 17 au 25 mars, 68 pays dans le monde célèbrent la langue française �* travers une série de manifestations qui culminent le 20 mars, traditionnellement «Journée internationale de la Francophonie». En Suisse, une cinquantaine de manifestations sont prévues (lire ci-dessous). Mais pourquoi une Semaine de la langue française? «Autant demander aux poissons rouges de fêter l'eau de leur bocal.» A cette question, Bernard Cerquiglini répondait en 2003 (le linguiste était alors délégué général �* la langue française auprès du premier ministre): «Comme l'eau du bocal pour les poissons, leur langue est devenue transparente, naturelle, évidente. Il est opportun, une fois par an, de célébrer cette langue qui est devenue notre bien commun, le ciment de la vie civique, la langue de la République, l'élément de base de la culture et de l'accès �* la culture.»
Sans oublier que le bocal est immergé dans un océan où nagent des millions de poissons de toutes les couleurs �* qui il est bon de rappeler que le français est aussi leur environnement «naturel». Il suffit pour s'en convaincre d'observer le plateau de Questions pour un champion. Lors des finales francophones, lundi dernier, sur le plateau de France 3, ils étaient six �* honorer le français: Russe et Québécoise, Cubain, Libanais, Irlandais et Béninois, chacun brandissant son drapeau national sous la bannière bienveillante de la France, «mère des arts, des armes et des lois». Au bout d'un duel serré, c'est le Béninois qui l'a emporté sur la Québécoise avec la bénédiction du Sénégalais Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie.
Victoire bienvenue: qu'il soit «butin de guerre», comme le revendiquait l'Algérien Kateb Yacine, héritage répudié ou modèle contraignant, le français a partie liée avec l'histoire coloniale. Et auparavant, déj�*, avec la politique et la diplomatie. Le terme de «francophonie» a été employé pour la première fois par Onésime Reclus, frère d'Elisée et géographe lui aussi, vers 1880, dans France, Algérie et colonies. Il y manifestait cette tranquille assurance qui n'est plus de mise aujourd'hui: «Nos grands écrivains n'ont été dépassés nulle part, ni dans l'Antiquité, ni dans les temps modernes; leur influence, leur gloire sont universelles.»
Le savant craignait quand même qu'il ne se forme, avec le temps, «un patois sans harmonie, sans poésie, sans noblesse, sans flexibilité, sans grâce, une langue franque, un sabir, un papiamento nés du concours de tous les commerçants et de tous les marins du Globe!» Un siècle plus tard, nous y sommes avec le triomphe d'un anglais véhiculaire mondial. C'est aussi contre cet impérialisme que se dresse la francophonie, particulièrement dans les pays de l'Est et au Moyen-Orient, où le français était langue de culture, marque de distinction sociale. Ce n'est pas par hasard que les sommets de la Francophonie se sont tenus �* Bucarest (2006), �* Beyrouth (2002), et en 2004 �* Ouagadougou.
Plus près du centre, dans les marges, les zones limitrophes entretiennent un rapport trouble d'amour et d'hostilité avec la France. Rien d'étonnant donc �* ce que les «Documents pour l'histoire des francophonies» soient publiés par Archives et musée de la littérature, une institution sise �* Bruxelles, soutenue par la Communauté française de Belgique. L'Europe et les Francophonies, ouvrage collectif qui vient de sortir, est dirigé par une Algérienne, un Suisse, un Belge et un Français. Il reprend un colloque tenu �* Strasbourg en 2001 alors que Les Ecrivains francophones interprètes de l'histoire. Entre filiation et dissidence, qui sort en même temps, se fait l'écho du colloque de Cerisy en 2003. Les deux ouvrages offrent des entrées très intéressantes sur les enjeux politiques, économiques et, bien sûr, culturels, de la bonne santé du français.
Dans le premier volume, Noël Cordonier, de l'Université de Lausanne, dresse la typologie des représentations du français comme «universel»: «C'est la langue humaine», n'hésite pas Rivarol. «Fille aînée» de l'Eglise, mère de la République et de la philosophie, dotée d'une nature qui résume tous les paysages, la France a une vocation prométhéenne. Et quand l'effritement des colonies, le déclin de l'aura du français induisent une «déflation», la France devient la garante des valeurs du passé et sa langue, «la mieux faite et la mieux placée pour transmettre généralement le testament des civilisations disparues», selon Maurice Druon!
Des «contre-feux» se sont dressés contre cette surenchère nationaliste. Ramuz, déj�*, dit Cordonier, qui salue «la parfaite éclosion du génie français vers le général et l'universel» mais revendique l'enracinement national et même régional, et prend ses distances par rapport �* la norme parisienne. Par contre, une Dominique Rolin, romancière née en Belgique, enjoint vivement �* ses compatriotes d'émigrer �* Paris et de nettoyer leur langue. Belges et Romands souffrent souvent d'une insécurité langagière profondément ancrée.
Dans les anciennes colonies, le rapport au français est encore plus compliqué. L'Algérien Jean Amrouche le revendique: «Je n'accepte absolument pas que les Français considèrent que la langue française est leur propriété �* eux.» Faut-il faire fructifier cette propriété ou la renier pour en investir une autre, arabe, langue d'Afrique noire ou créole?
Kateb Yacine choisit d'exploiter ce «butin de guerre». Léopold S. Senghor et Aimé Césaire commencent par rendre hommage, dans leurs œuvres, au français dans ce qu'il a de plus «correct», tout en se réclamant d'une «négritude» qui parfume leur langue d'exotisme. Si leur langue paraît souvent aujourd'hui académique, désuète ou grandiloquente, ils ont ouvert la voie aux Africains (Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi...) et aux Antillais (Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau...) qui, dès les années 1980, se sont emparés du français pour se l'approprier.
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"Het frans is niet het eigendom van de fransen..."
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