Bamako sur Seine

Sortir de l'angélisme

S'il fallait décrire la France �* travers les sujets mobilisant en
priorité l'attention de ses élites, le trait rendrait compte d'une
société irénique bercée par un Etat nounou - Mathieu Laine parle
de La Grande Nurserie (JC Lattès) - se préoccupant de nos
problèmes de santé, de nos protections, de nos loisirs. Mardi, c'est
l'épidémie de chikungunya, transmise par les moustiques sur l'île de
la Réunion, qui a enflammé l'Assemblée nationale au point, fait
rarissime, que la séance a dû être interrompue.

Mais le monde réel ne se réduit pas �* ces préoccupations. Jamais,
par exemple, les tensions entre l'Islam et l'Occident n'ont été aussi
vives. Or, les plus hauts dirigeants français refusent d'admettre la
situation de guerre mondiale créée par l'agression d'al-Qaida contre
les États-Unis, le 11 septembre 2001. Pour avoir, l'autre jour,
accusé l'Iran de développer un programme nucléaire «militaire
clandestin», une évidence, le ministre des Affaires étrangères a
mis la diplomatie en émoi.

Quand le président du Conseil représentatif des institutions juives
de France (Crif), Roger Cukierman, compare, lundi, le président
iranien �* Hitler, il a le mérite de rappeler ce qu'est le
nazislamisme, que les angéliques répugnent �* regarder en face. C'est
cet obscurantisme, puisant dans un Coran suivi �* la lettre, qui gagne
les esprits les plus faibles. Y compris dans des cités françaises
réceptives �* la haine contre les «mécréants», singulièrement les
juifs.

En qualifiant l'islam de «religion de paix et de tolérance», l'Etat
renonce �* soutenir un nécessaire aggiornamento. Le musulman laïc
Messaoud Bourras estime cette semaine (sur le site de l'écrivain
Maurice G. Dantec : surlering.fr) que l'islam «peut difficilement
s'intégrer �* la France (et �* l'Occident) �* cause de ses interdits
définis par la loi. De plus il ne veut pas s'intégrer, mais intégrer
les autres en les convertissant». L'universitaire Anne-Marie Delcambre
décrit, elle, un islam coupé de plus en plus des réalités (La
Schizophrénie de l'Islam, Desclée de Brouwer). Vérités interdites ?

Manifester contre la barbarie

Ce n'est pas seulement l'antisémitisme qui a tué Ilan Halimi,
séquestré et torturé durant trois semaines dans un appartement de
Bagneux (Hauts-de-Seine) parce que «les juifs ont de l'argent». Le
jeune homme a été victime d'une barbarie commise par des brutes ayant
atteint, selon un policier, «le degré zéro de la pensée». Il a
été victime de la loi du silence, imposée notamment par Yousouf
Fofana, qui vient d'être arrêté en Côte d'Ivoire.

Les émeutiers de novembre avaient été excusés pour avoir brûlé
des écoles et des bibliothèques. Les belles âmes ne s'étaient pas
émues davantage du meurtre d'un père de famille, tué parce qu'il
photographiait un lampadaire dans une cité. Cette fois, la
civilisation est atteinte, �* force d'endoctrinements manichéens et de
démissions. Sa défense mérite la mobilisation (�* Paris: dimanche,
15 h, place de la République).

Une mort applaudie

«Les Noirs sont l�* pour tuer les Blancs» : un des propos rapportés
cette semaine par la veuve du gendarme Raphaël Clin, tué
accidentellement sur l'île antillaise de Saint-Martin. Les témoins se
seraient réjouis de l'accident et plus encore de la mort du militaire.
Qui s'indigne ?