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Le Canada qui tue
N° 248 - avril 2006 Roméo Dallaire a répété comme vérité d’Évangile
toute la désinformation du FPR
Le général a aussi serré l’autre main du Diable
par Robin Philpot
Il y a 12 ans, le 6 avril 1994, un missile sol-air a abattu l’avion
transportant deux chefs d’État africains, les présidents du Rwanda et du
Burundi, et a déclenché des tueries massives dont nous n’avons pas
arrêté de parler. Heureusement d’ailleurs! Mais alors que l’histoire
officielle présente cet attentat terroriste au mieux comme un « accident
» et au pire comme l’œuvre d’extrémistes hutus venant de l’entourage
même du président rwandais Juvénal Habyarimana et aidés par la France,
voil�* que deux livres publiés en France et disponibles au Québec
viennent rétablir la terrible vérité sur cet attentat non élucidé et sur
tout ce qui l’a précédé et suivi.
Aussi, ils viennent démonter tout l’échafaudage de l’histoire officielle
montée, entre autres, par Roméo Dallaire dans son livre fleuve J’ai
serré la main du diable et Gil Courtemanche dans son roman aux relents
coloniaux, Un dimanche �* la piscine �* Kigali.
Le premier, Noires fureurs, blancs menteurs, Rwanda 1990-1994, est signé
Pierre Péan, probablement le plus grand journaliste d’enquête français,
�* qui on doit notamment Affaires africaines, portant sur le
néocolonialisme français en Afrique, Une jeunesse française, François
Mitterrand, 1934-1947, qui a révélé le passé vichyste de l’ancien
président français et La Face cachée du Monde, sur les abus du pouvoir
au journal le Monde. Dans un travail méthodique, rigoureux et exhaustif
[il y a en fait quelques erreurs de fait que Bernard Lugan globalement
d'accord avec Péan a déj�* souligné], il décortique l’histoire de
l’Afrique centrale de 1990 �* 1994 qui, jusqu’alors, donnait la partie
belle au Front patriotique rwandais, �* son chef et actuel président Paul
Kagamé, et �* ses plus ardents défenseurs, les États-Unis et
l’Angleterre, qui ont redessiné la carte de l’Afrique Centrale.
Il démontre comment Paul Kagamé, avec l’aide de la CIA, a réussi �*
diaboliser le rôle de la France dans cette tragédie pour mieux cacher
leurs propres basses œuvres, qui s’étendaient de l’invasion du Rwanda �*
partir de l’Ouganda en octobre 1990 jusqu’�* l’attentat contre les deux
présidents africains et, ensuite, �* l’invasion meurtrière du Congo,
anciennement le Zaïre.
Il démontre aussi comment la version diabolisante de la France a réussi
�* s’implanter en France même, notamment par le biais des ONG, de
journalistes comme Colette Braeckman et de la filière protestante en
France, qui comprend Michel Rocard. On se rappellera, par ailleurs, que
la francophobie était omniprésente dans le livre du général Dallaire,
comme elle l’était dans toutes ses actions pendant son séjour au Rwanda
: Dallaire a tout fait pour incriminer la France et l’Afrique
francophone et blanchir les États-Unis.
À titre d’exemple, Pierre Péan explique comment Colette Braeckman,
journaliste au Soir de Bruxelles et au Monde Diplomatique, a publié dès
juin 1994 un « scoop » sur le supposé rôle de la France dans l’attentat
du 6 avril, alors qu’il avait lui-même expliqué de vive voix �* cette «
grande journaliste » que cette théorie ne tenait pas debout. Colette
Braeckman, qui est souvent interviewée béatement par Radio-Canada, était
en fait le jouet de spécialistes de la désinformation venant de
l’International Strategic and Tactical Organization (ISTO), proche de la
CIA.
Pierre Péan révèle aussi comment, en janvier 1993, une Commission
d’enquête sur les droits de la personne, �* laquelle a participé
l’organisation canadienne, dite non gouvernementale, Droits et
démocratie, n’était rien d’autre qu’un paravent pour le Front
patriotique rwandais, notamment parce des commissaires supposément
neutres étaient des membres ou sympathisants de l’armée du FPR. Pierre
Péan, qu’on ne peut accuser d’être apologiste aveugle de la Françafrique
ni de François Mitterrend, défend le rôle de la France au Rwanda et, en
cela, exige des réponses de la communauté internationale, dont et
surtout, les États-Unis, la Belgique et l’Angleterre.
L’autre livre, Rwanda, l’histoire secrète, vient du Lieutenant Abdul
Joshua Ruzibiza, un proche de Paul Kagame et officier du FPR de 1990 �*
2001, qui a fait défection en 2001. Le lieutenant Ruzibiza était membre
de l’unité clandestine mise sur pied par le FPR, le Network Commando,
qui, agissant sur ordre de Paul Kagame, a effectivement abattu l’avion
du président Habyarimana du Rwanda le 6 avril 1994. Il explique en
détail comment s’est déroulée cette opération aux conséquences tragiques
inouïes : rappelons aussi que l’ancienne procureure du Tribunal
international pour le Rwanda avait déclaré qu’il s’avérait que le FPR
était responsable de l’attentat du 6 avril, il fallait réécrire
l’histoire du génocide rwandais.
Le livre Ruzibiza regorge de révélations sur les attentats faits par le
FPR entre 1990 et 1994 et qui ont tous été attribués aux forces
gouvernementales rwandaises – notons que Roméo Dallaire, chef des
troupes de l’ONU au Rwanda, a répété comme l’évangile toute la
désinformation du FPR, sans exprimer le moindre doute.
Noirs fureurs, blanc menteurs, Rwanda 1990-1994, Pierre Péan, Mille et
une nuits, 2005
Rwanda, l’histoire secrète, Lieutenant Abdul Joshua Ruzibiza, Éditions
du Panama, 2005