Discussie: Et maintenant
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Oud 9 oktober 2006, 20:25   #9
dreads
 
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Standaard Re: Et maintenant

Ah ben l�*, pour une fois qu'on aborde les problèmes avec un minimum
de constructivité, je vais pas me priver d'en profiter !

La "démocratie participative", que réclament aussi bien les écolos
que les libéraux, est un piège pour la démocratie tout court.

Faelan a très bien exprimé le premier risque (les votes émotionnels)
et je ne lui ferai pas l'affront de le paraphraser.

Il y a d'autres risques... tout aussi grands ! Et des risques qui ne
sont pas de l'ordre du fantasme car il en existe des illustrations fort
concrètes.

Ainsi, par exemple, ce que l'on appelle "l'initiative populaire"...
Dans une démocratie participative, on donne le droit au citoyen, s'il
réunit un noimbre donné de signatures, d'imposer sa volonté au
législateur comme �* l'exécutif. C'est un peu comme un référendum
réclamé par le citoyen, mais qui ne serait plus nécessaire puisque
les signatures tiennent lieu de vote.

Illustration concrète : en 1978, les signatures d'un million de
signatures de citoyens nantis (propriétaires fonciers) ont imposé une
diminution de l'ordre de 6 milliards de dollars annuels au financement
public de l'éducation et de l'aide sociale. Rebelote en 1996 avec la
proposition 218 qui impose, dans les mêmes secteurs, une coupe sombre
de 2,5 milliards de dollars par an.

Le raisonnement des signataires était le suivant : nous sommes assez
riches pour envoyer nos enfants dans des écoles privées et, bien
sûr, nous n'avons jamais recours ni aux centres de planning familial,
ni aux centres d'aide sociale et encore moins �* l'hébergement
d'urgence ou �* la soupe populaire... pourquoi donc paierions-nous pour
ça ?

A priori, dans un Etat simplement démocratique, une telle question ne
serait même pas posée.

Mais la Californie est une démocratie participative qui reconnaît le
référendum d'initiative populaire et même l'intiative populaire tout
court.

Dans le cas présent, moins de 3 % de la population californienne a pu
bloquer le fonctionnement de l'Etat. En effet, dans ce système, un
million de signatures vérifiées suffit �* imposer la volonté
"populaire"... Même pas besoin de référendum puisque, subtilité du
procédé, la demande de ces citoyens portait uniquement sur leurs
propres impôts...

Donc, 1 million de propriétaires fonciers refusent que leurs impôts
soient consacrés �* l'éducation publique et �* l'aide sociale. Comme
il s'agit de la majorité des propriétaires fonciers, l'initative
populaire est adoptée...

Depuis lors, le réseau d'éducation publique est réduit �* néant et,
par exemple, la Californie, c'est-�*-dire l'Etat le plus peuplé des
Etats-unis, compte moins de bibliothécaires scolaires que l'Alabama,
l'Etat le moins peuplé. Le centre de Los Angeles, où vivent
traditionnellement les populations les plus défavorisées, est devenu
un cloaque hygiénique et social (je l'ai constaté de mes yeux...) :
plus d'adduction d'eau, plus d'hôpitaux, plus de centres d'aide
sociale... et, bien sûr, une criminalité incroyable, causée par une
pauvreté intolérable parce qu'endémique.

Grâce �* l'initative populaire, l'intérêt particulier �* primé l�*
sur l'intérêt commun.

Ce n'est même pas malin car les conséquences �* long terme peuvent
être catastrophiques. Mais allez donc dire �* 3 % de la population
qu'ils doivent réfléchir �* une ou deux générations de distance.
Tout ce qu'ils ont vu, c'est qu'ils payaient chaque année près de
6.000 dollars chacun pour des services dont ils ne profitaient pas
directement.

Je me permet de préciser que 6.000 dollars, ça représente très peu
pour chacun de ces signataires dont le revenu moyen est de 250.000
dollars NETS par an ! C'est �* peu près de l'ordre d'un paquet de
cigarettes par mois pour un ouvrier non qualifié !

A noter aussi (c'est l�* que ça devient comique !) que l'augmentation
de la criminalité qui a résulté de ces initiatives populaires
(multipliée par 6 en 2 ans !) a imposé �* ces "nantis" de dépenser
de l'aregent pour assurer sa propre sécurité. Parce que, bien sûr,
c'est bel et bien chez les riches que les pauvres vont aller chercher
(voler) l'argent nécessaire �* leur survie. parce que, bien sûr,
l'Etat californien, malgré son gouverneur Terminator, n'a plus les
moyens d'assumer les frais de la sécurité publique.

Les "bunker towns" (littéralement les villes bunkers, des zones
résidentielles ultra protégées par des services de sécurité
privés) sont une conséquence immédiate de la proposition 13. Ca,
évidemment, quand on crée les conditions de l'insécurité, il faut
assumer.

Dont coût estimé par an pour ces citoyens qui voulaient économiser
6.000 dollars : environ 40.000 dollars !

Au del�* de cette absurdité très réelle, je retiens ceci : la
démocratie participative, l'initiative populaire, ne sont pas �*
mettre entre toutes les mains. C'est le grand mérite de la démocratie
représentative que d'empêcher les intérêts particuliers de dicter
la politique d'ensemble des Etats.

On ne peut que se demander ce que feraient avec de tels outils les 30 %
du VB...

Comme l'a avoué Arnold récemment : le boulot d'un gouverneur de
Californie c'est de promettre énormément �* ses électeurs pour
éviter que les dits électeurs ne le bombardent de trop de
"propositions"... Notez que de 1978 �* 1996, on est passé de 13 �* 218
!

Imaginez ce qu'aurait été la vie en Belgique depuis une quinzaine
d'années : rétablissement probable de la peine de mort, durcissement
des peines judiciaires et, certainement, disparition des réductions ou
remises de peine, des congés pénitentitaires, diminution de l'aide
sociale et des allocations de chômage...

Accessoirement, je me demande pour les écolos et les libéraux, qui ne
sont pas particulièrement du même bord politique, réclament
conjointement cette démocratie participative.

Pour ce qui est des libéraux, je crois que la démocratie
participative leur permettrait tout simplement de marquer davantage la
tendance �* l'individualisme dont a besoin l'économie moderne.
Consommation et intérêts particuliers sont pratiquement synonymes.

Pour les Ecolos, c'est un peu plus compliqué. Je crois (mais cet avis
n'engage que moi et il est assez politisé !) que les thèmes chers aux
écolos, leurs chevaux de bataille, s'accordent très bien avec la
démocratie participative. C'est sans doute une vision caricaturale des
écologistes politiques (très différents des écologistes
scientifiques !), mais je ne peux m'empêcher de penser que, quand on
élève ses propres moutons pour tricoter ses propres pulls avec sa
propre laine, on n'a pas forcément du monde une vision très "large".

Leur goût prononcé, d'ailleurs, pour la politique locale, voire les
comités de quartier, ne m'incite pas �* croire que leur horizon
politique aille très loin. (La très récente actualité d'Isabelle
Durant ne signifie rien d'autre !)

Enfin soit... tout ça est �* verser au débat que je n'ai pas
l'ambition de clôturer maintenant. J'espère (démocratiquement) que
vous trouverez �* me contredire, de façon qu'on puisse avancer un
peu...



Faelan wrote:
> "Le Ch'Ti Guevara" <[email protected]> a écrit dans le message de
> news:[email protected]...
> > Bon !
> >
> > Et bien maintenant que tout le monde est d'accord pour dire que les Belges

> ont
> > largement voté "démocrate" et sont donc indéniablement "démocrates" dans
> > l'âme, tout le monde sera aussi d'accord pour dire qu'il n'y aucun risque
> > "démocratique" �* proposer des referundums sur des thèmes très importants

> et
> > comme la constitution européenne ou la régularisation de masse des
> > sans-papiers ?
> >
> > Qu'en pensez-vous ?

>
> Mai si, il y a toujours l'objection habituelle, en tout cas pour les
> référendums nationaux.
> Eviter ce qu'il s'est passé lors de la question royale, après la guerre...
> Que se passera-t-il lorsque les Flamands et les Wallons répondront
> différemment au référendum ? Les Flamands oui, et les Wallons non. Ou
> vice-versa...
> A la majorité ? Les Flamands, majoritaires, auront toujours raison. C'est ce
> qu'il s'est passé il y a près de 60 ans... Et ça a failli dégénérer en
> guerre civile.
>
> --
> F.