Lobby juif pour la paix aux Etats-Unis.
http://blog.mondediplo.net/2006-10-2...aux-Etats-Unis
L’idée de la formation d’un lobby juif aux Etats-Unis prend de la vitesse
aux Etats-Unis, si l’on en croit un article du Financial Times du 24
octobre, « Jewish lobby for peace with Palestinians gathers pace in US ».
Selon le quotidien britannique, « George Soros, le financier et le
philantrope serait, selon des amis, prêt �* donner son appui �* une nouvelle
initiative pour une alternative influente qui ferait du lobbying pour un
engagement américain et pour une solution négociée fondée sur deux Etats
». Le journal rappelle que le débat sur les relations entre les Etats-Unis
et Israël a été relancé par l’étude deux spécialistes des sciences
politiques John Mearsheimer et Stephen Walt, que j’ai longuement évoquée
dans ce blog, « Débat sur le rôle du lobby juif aux Etats-Unis ». Une
lettre de plus de 150 intellectuels, enseignants, anciens diplomates,
parmi lesquels de nombreux juifs, a dénoncé la campagne menée par le lobby
pro-israélien contre tous ceux qui ne partagent pas ses vues, la comparant
aux campagnes maccarthystes des années 1950. L’un des organisateurs de la
lettre, le professeur Norman Birnbaum (par ailleurs un vieux collaborateur
du Monde diplomatique) a déclaré au Financial Times que le lobby
pro-israélien avait « construit un ghetto de Varsovie de l’esprit ». En
conclusion l’auteur de l’article, Guy Dinmore rappelle que, selon un
récent sondage, les Américains seraient très divisés sur le rôle du lobby
pro-israélien, 39% croyant qu’il a joué un rôle clef dans le déclenchement
de la guerre contre l’Irak, 40% étant persuadés du contraire.
Mais ce lobby aura-t-il le courage d’aller �* l’encontre du puissant lobby
pro-israélien représenté notamment par le AmericanIsrael Public Affairs
Committee (AIPAC) ? Selon un blog tenu sur le site du quotidien israélien
Haaretz, « What happens when U.S. Jews forward the peace process ? » (Que
se passe-t-il quand les juifs américains soutiennet le processus de paix
?), neuf des personnes impliquées dans la création de ce futur lobby ont
fait la même réponse : « « Nous ne nous opposons �* l’AIPAC, mais nous
voulons travailler �* ses côtés et faire avancer une cause que nous
considérons comme importante - encourager un rôle accru des Etats-Unis
dans la recherche d’une solution au conflit. » » Toujours selon le
journaliste de Haaretz, la place de George Soros dans cette initiative est
contestée car « certains considèrent Soros comme un antisionniste et, dans
le passé, il a accusé Israël de provoquer de l’antisémitisme en Europe
»
Le rôle du lobby et notamment de l’AIPAC continue �* faire débat dans les
médias américains. Ainsi, Justin Raimondo, chroniqueur du site
Antiwar.com, publie le 23 octobre un texte intitulé : « The Lobby,
Unmasked The AIPAC spy scandal has many tentacles » (Le lobby démasqué.
Le
scandale des espions de l’AIPAC a de nombreuses ramifications)
« Le caractère exemplaire d’Israël et son rôle clef comme un allié des
Etats-Unis sont au centre des principes de la politique étrangère des
néoconservateurs, et l’ont toujours été. Cela ne coïncide que de manière
tangentielle et par coïncidence avec la religion : la Sparte du
Proche-Orient représente tout l’esprit martial et le sens de la "grandeur
nationale" que les néoconservateurs voudraient instiller ici aux
Etats-Unis. Le soutien inconditionnel d’Israël a toujours été au coeur
de
la stratégie proche-orientale des néoconservateurs et ils ne s’en sont
jamais cachés. »
Mais, selon Justin Raimondo, qui cite Philip Weiss du New York Observer :
« Les temps changent. Le prochain livre de Jimmy Carter va sortir, (...)
Walt et Mearsheimer publient un livre chez FSG. George Soros et le Israel
Policy Forum lancent un lobby pour contreblancer l’AIPAC, peut-être pour
être la gauche du gouvernement israélien. C’est la perestroïka ! »
L’analogie avec la perestroïka n’est pas exacte, affirme pourtant
Raimondo. « Ce sont les Soviets qui ont lancé la perestroïka, avec
Gorbatchev poussant pour une réforme venant du sommet, alors que les
partisans de ceux que Mearsheimer et Walt appellent "le Lobby" (...)
conscient qu’ils ne sont plus capables de dicter les termes du débat,
dénoncent et diffament leurs adversaires comme des bigots. »
« Le scandale d’espionnage de l’AIPAC, dans lequel des hauts responsables
de l’organisation, l’ancien pro-Israel “spark plug� (bougie d’allumage,
mais je n’ai pas trouvé une traduction correcte AG) Steve Rosen, et
l’analyste de politique étrangère Keith Weissman ont été inculpés pour
violation de l’Espionage Act – est le signe que le courant s’inverse
contre le Lobby. Je serais surpris que l’AIPAC survive au procès de Rosen
et Weissman. Peut-être la coquille de l’organisation continuera �* exister,
lorsqu’elle sera contrainte de se déclarer comme l’agent d’une puissance
étrangère, mais elle n’approchera jamais plus l’efficacité qu’elle
avait.
Ce qui explique peut-être pourquoi une nouvelle version plus "libérale" du
lobby est en voie de création. »
« En dépit des tentatives brutales de cacher sous la bannière de "la
liberté de parole" ce qui apparaît comme un espionnage en faveur d’Israël,
il est clair selon les faits reprochés et reproduits dans l’acte
d’accusation et dans ce qu’ont écrit les médias, que Rosen et Weissman
rencontraient régulièrement des responsables gouvernementaux et
cherchaient �* en obtenir des documents classifiés qu’ils transmettaient
au
gouvernement israélien, certains travaillant avec l’ambassade d’Israël
�*
Washington » (...)
« Nous apprenons aussi que la membre de la Chambre Jane Harman (D-Calif.),
un faucon démocrate qui est la plus importante représentante de son parti
�* la Comission du renseignement de la chambre, est sous investigation,
dans le cadre de l’enquête sur l’AIPAC. Un de ses assistants a déj�*
été
suspendu pour avoir transmis des informations du rapport “National
Intelligence Estimate on Iraq� au New York Times (...). La question
toutefois posée par l’histoire Harman-AIPAC est : �* qui d’autre son bureau
transmettait-il des informations et dans quels buts ? »
« On peut répondre au moins partiellement �* la seconde partie de la
question avec l’article du Time Magazine sur l’enquête autour de Harman
:
on y apprend que Nancy Pelosi, chef de la minorité démocrate �* la chambre,
a lancé une campagne, avec l’appui de l’AIPAC et de poids lourds
pro-Israël comme Haim Saban pour tenter de maintenir Harman �* son poste.
(...) . »
Selon Raimondo, le Lobby n’est donc pas seulement un groupe qui tente de
promouvoir Israël comme un allié démocratique des Etats-Unis, « il
s’occupe aussi d’un autre service en faveur d’Israël, l’espionnage
».
Alexandre R. & Thibaud
:-* 's