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Oud 23 januari 2007, 08:22   #1
Nomen Nescio
 
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Standaard Le =?iso-8859-1?Q?d=C3=A9clin?= du dollar... et des Etats-Unis.

Pays riches dans le piège global :
Le déclin du dollar... et des Etats-Unis.



Depuis le début 2002 le dollar a entamé une baisse qui continue encore et
qui selon la plupart des experts va s'aggraver dans les prochains mois. Le
déclin a commencé peu de temps après l'événement du 11 septembre 2001,
c'est-�*-dire du lancement de l'offensive de guerre globale des Etats-Unis.
Il existe un enchaînement de causes claires entre la décadence économique
des Etats-Unis et la tentative désespérée de ses dirigeants pour la
freiner �* travers une succession de victoires militaires en Asie Centrale
et au Moyen Orient.

Si cette stratégie avait été un succès la superpuissance contrôlerait
aujourd'hui la plus grande partie de la bande eurasiatique qui s'étend
depuis les Balkans jusqu'au Pakistan en traversant la Turquie, le bassin
de la Mer Caspienne, l'Irak, et l'Iran, en contrôlant ainsi près 70% des
ressources pétrolières mondiales. Ce qui lui aurait permis d'assurer son
hégémonie financière internationale symbolisée par le règne universel
du
dollar.

Mais l'aventure a échoué et aujourd'hui les étasuniens sont embourbés en
Irak et en Afghanistan tandis que se réduit l'influence de ce pays sur
l'Eurasie.

Andre Gunder Frank soutenait que le pouvoir des Etats-Unis repose sur deux
piliers décisifs : le dollar et le Pentagone, le premier assurait
l'hégémonie financière en soutenant le deuxième et ce dernier en imposant
les privilèges économiques des Etats-Unis. Cette double force a prédominé
depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et a eu sa période d'essor
entre 1945 et 1971, année où la Maison Blanche a décidé d'en finir avec
la
conversion dollar-or menacée par les réserves en dollars aux mains
d'autres puissances industrielles.

À partir de ce moment on a traversé une étape monétaire turbulente où
le
dollar a continué �* régner dans toute la planète grâce �* un jeu pervers
réglé entre les pays riches et qui aboutit maintenant �* un étouffement
global par du papier monnaie, qui peut conduire �* une incontrôlable
succession de crises financières.

Le déclin du dollar

Après 1971 le dollar n'était déj�* pas la monnaie d'une superpuissance
économique ascendante mais le papier-monnaie émis par une économie qui
perdait de la compétitivité et dont la production pétrolière était entrée
en baisse. Toutefois sa consommation a continué �* croître et en
conséquence ses importations, ce qui l'a transformée en principal marché
international. Les européens, les japonais, sud-coréens et plus récemment
les chinois trouvent dans les acheteurs étasuniens des clients dont le
volume général de demande ne peut pas être remplacé.

Quelques indicateurs illustrent bien la décadence de l'économie américaine.

D'abord le déficit commercial qui a crû depuis des chiffres relativement
modestes vers le milieu 1970 jusqu'�* dépasser les 700 milliards de dollars
en 2006, durant cette dernière année pour chaque dollar d'exportation de
biens on en importait deux.

Dans une première approche du sujet, on pourrait distinguer deux facteurs.
D'une part la spirale ascendante des dépenses publiques et privées où on
a
combiné la consommation propre d'une société privilégiée, avec l'expansion
de l'appareil militaire et d'autres affectations parasitaires.

Et d'autre part, la perte de compétitivité industrielle, le retard relatif
dans le développement d'innovations productives. Mais les deux processus
font partie d'un phénomène plus vaste de décadence culturelle qui inclut
aussi la dégradation institutionnelle, l'apathie croissante de la
population devant le système de représentation politique, la promotion de
la criminalité, etc.

Un second indicateur de détérioration est la réduction du solde des
bénéfices des affaires étasunien �* l'extérieur contre les bénéfices
des
sociétés étrangères aux Etats-Unis. Dans le passé ce dernier compensait
en
partie les déficits commerciaux mais en 2006 et pour la première fois en
quatre-vingt-dix ans ce chiffre a été négatif.

Troisième point, et suite �* l'évolution des indicateurs précédents, le
déficit de compte courant a vertigineusement crû : 140 milliards de
dollars en 1997, 389 milliards en 2001... 834 milliards en 2006.

Un quatrième indicateur est la croissance du déficit fiscal qui est passé
de 2, 8 milliards de dollars en 1970 �* 74 milliards en 1980, 240 milliards
en 2000, pour atteindre en 2005 les 430 milliards. La décadence productive
a été compensée avec une avalanche déficits et dettes qui ont étayé
l'expansion du marché américain. Le reste du monde lui a ouvert le robinet
du crédit indéfini en livrant des marchandises et les services en échange
de « papier » (dollars, titres publics, actions, obligations d'entreprise,
etc.) et dans l'intérieur successives vagues de crédits �* la consommation
et l'investissement encouragés, surtout depuis le milieu des années 1990,
par des bulles spéculatives qui ont étendu le pouvoir d'achat des
Américains. En même temps l'épargne personnelle diminuait, la partie des
revenus destinée �* l'épargne qui représentait historiquement entre 7% et
8% est tombée �* 4.3% en 1998, puis �* 2.4% en 2003, 2% en 2004 et �*
chiffres négatifs en 2005 et 2006 (respectivement -0.4% et -1 %).

Au début de la décennie actuelle, quand la bulle boursière s'est
dégonflée, il était évident que l'hégémonie financière des Etats-Unis
était arrivée �* un point critique. L'énorme disproportion existante entre
son potentiel productif déclinant et la masse de « dollars papiers » en
circulant par le monde (dollars réels et toute classe de papiers
dollarisés) a commencé �* provoquer les premiers craquements de la monnaie
étasunienne qui s'est rapidement transformée en diminution irrésistible
de
sa valeur par rapport �* l'or et aux autres devises fortes, l'Euro et le Yen.

Le gouvernement de Bush a répondu �* cela en propulsant une nouvelle bulle
spéculative basée sur l'immobilier, la plus grande de l'histoire : il a
inondé l'économie avec des crédits bon marché et a réduit les impôts
des
riches, la consommation et le Produit Interne Brut (PIB) ont progressé
vers des taux élevés. La prospérité revenait... mais pour combien de temps
? Avec cela la Maison Blanche a exacerbé la tendance �* la militarisation,
les dépenses militaires qui augmentaient depuis la fin du mandat de
Clinton ont pris un fort élan, en conséquence cela a augmenté le déficit
fiscal et l'endettement public.

Les Etats-Unis avaient essayé d'arrêter leur déclin par la fuite en avant
en développant la consommation sans soutien productif interne et en
déclenchant une agression militaire démesurée en Asie. Mais ce double pari
a été rapidement acculé par sa propre faiblesse structurelle, l'aventure
s'appuyait sur une montagne de papiers, dans l'accumulation de dettes de
tout type et des réserves en dollars des chinois, japonais et européens,
c'est-�*-dire dans des crédits accordés au Etats-Unis par ces pays. Tandis
qu'�* la surface continuaient la fête militaire et la consommation
aveuglait la planète, dans la profondeur du système global, le règne
financier étasunien déclinait.

Vers le milieu de la décennie actuelle les deux piliers de l'Empire ont
commencé �* chanceler en même temps : catastrophe en Irak et dégradation
du
dollar.

Parasite ou décharge ?

L'argument courant est que les Etats-Unis parasitent l'économie mondiale
en livrant des dollars avec une valeur future incertaine en échange de
biens et des services. Mais la question clef est : pourquoi les japonais,
européens, chinois, sud-coréens et d'autres acceptent cette escroquerie.

Ma réponse est qu'une telle 'escroquerie' n'existe pas et qu'en réalité
le
géant malade est engraissé par ces pays parce que c'est leur client
principal, et sans lui, sans sa consommation, sans son espace d'affaires,
sans la crise de surproduction chronique dont souffre depuis plus de trois
décennies le capitalisme mondial se transformerait un éboulement
incontrôlable. Un tiers des exportations chinoises vont vers les
Etats-Unis et un autre vers des pays asiatiques dont la capacité de
paiement dépend étroitement de leurs exportations �* la superpuissance. Les
autres pays industriels ou émergents de l'Asie comme par exemple le Japon
ou la Corée du Sud ont une dépendance semblable. L'Union Européenne,
spécialement ses principaux pays, présentent une interpénétration
industrielle, commerciale et financière, avec les Etats-Unis, d'une telle
ampleur que leur destin est absolument attaché �* ce dernier.

En synthèse, le parasite est en réalité une énorme « décharge » de biens,
des services et des fonds et la décadence étasunienne n'est pas autre
chose que la face visible de la décadence globale du capitalisme.

Le dollar, c'est-�*-dire l'instrument de 'paiement' de cette économie
déficitaire des Etats-Unis est la pièce essentielle de toute la trame. Sa
chute trop rapide provoquerait une contraction générale des importations
des Etats-Unis et de son niveau rentabilité interne (mesuré selon les
autres devises) en comprimant directement tant les ventes que les
investissements de ces pays dans l'Empire. Mais en outre cet éboulement
causerait une hyper réévaluation du Yen et de l'Euro ce qui réduirait de
manière significative les exportations de l'Union Européenne et du Japon
avec des forts impacts récessifs dans les deux puissances. La Chine serait
aussi touchée de la même manière.

Tous ces pays essayent alors d'étayer le dollar. Toutefois au fur et �*
mesure que l'économie étasunienne se délite (processus irrésistible �*
moyen et long terme) on doit prendre quelques précautions bien qu'ils ne
le soient pas beaucoup �* pouvoir le faire. Les européens essayent
seulement de prolonger l'agonie parce qu'ils savent qu'un dénouement
mortel les frappera durement, les japonais font quelque chose de
semblable, et les chinois essayent timidement de diversifier
(dédollarisés) leurs méga réserves dollarisées en sachant que s'ils
dédollarisent rapidement ils peuvent arriver �* provoquer une catastrophe
financière globale qui leur porterait préjudice �* eux mêmes. Tous sont
arrivés �* la conclusion qu'ils ne peuvent pas indéfiniment rester dans le
« royaume du dollar » mais savent aussi qu'ils ne peuvent pas s'en aller
du jour au lendemain. Où est donc t-il la 'solution' ? Nulle part
(certains attendent sans le dire que le temps donne une chance de sortie).

C'est pourquoi ils mesurent avec une extrême prudence chaque mouvement,
ils intensifient les consultations entre eux, s'extorsionnent
mutuellement, se donnent des coups bas, s'aident.

Ombres menaçantes

Toutefois au-del�* des magouilles des grandes puissances il existe des
phénomènes qui déterminent la conjoncture et sur lesquels les états des
pays les plus riches ont une influence limitée. Principalement le
processus de financiarisation avancé pendant les trois dernières décennies
et qui peut �* tout moment produire des faits catastrophiques.

Pensons par exemple �* la spéculation sur les 'dérivés', avec des
articulations complexes d'affaires qui se développent vertigineusement et
qui selon la Banque de Bâle qui a comptabilisé leur volume global
s'approchant de 400 millions de millions de dollars (équivalent presque �*
dix fois le Produit Mondial Brut), prêtons attention �* la sur accumulation
des réserves (quasi entièrement dollarisées) et qui déj�* dépasse les
3.200
millions de millions de dollars, dans les pays périphériques, mais nous
observons aussi la taille de la bulle immobilière globale équivalente au
Produit Brut des pays riches.


Certaines de ces masses financières sont relativement contrôlables, par
exemple les réserves. Mais d'autres le sont beaucoup moins. Comme c'est le
cas pour des 'dérivés' ou de la spéculation immobilière.

Le dollar chute (progressivement pour le moment) et les premiers signaux
de méfiance apparaissent pour les autres monnaies 'fortes' comme le Yen ou
l'Euro dont les économies de soutien, le Japon et l'Union Européenne, sont
étroitement attachées �* celle des Etats-Unis. Cela incite les spéculateurs
�* diversifier ses affaires travaillant dans un plus grand courtermisme
mais aussi dans quelques cas (chaque jour plus nombreux) �* chercher des
valeurs refuge, par exemple avec la spéculation sur l'or dont le prix a
monté depuis le début de la décennie actuelle, approchant �* plusieurs
moments son plus grand niveau historique (atteint en 1.980 avec �* peu près
800 dollars l'once). Jusqu'où pourra arriver le prix de l'or si une petite
portion de la masse spéculative globale se tourne seulement vers ce métal
? Sûrement qu'une euphorie de l'or déclencherait d'autres euphories en
produisant une tel turbulence internationale difficile �* imaginer.

Mais la financiarisation n'est pas le seul problème, le sujet de
l'épuisement des ressources énergétiques non renouvelables est aussi
grave. Comme nous savons les quatre principales puissances industrielles
(les Etats-Unis, l'Union Européenne, le Japon et la Chine) sont lourdement
déficitaires en matière énergétique, leur expansion va baisser étant donné
le refroidissement inévitable de l'économie étatsunienne, mais même avec
une croissance faible, elles continueront �* faire pression sur les
réserves énergétiques globales (en les épuisant). Le prix du pétrole,
par
exemple, continuera �* monter, bien que dans certaines périodes �* des
rythmes moins fous. Et un épuisement en provoque un autre, parce que le
développement des biocombustibles tendant �* compenser le déclin de la
production pétrolière s'approprie des terres fertiles actuellement
utilisées dans la production d'aliments que souffrira un impact négatif.
La 'solution scientifique' au problème est d'augmenter dans les deux cas
la productivité par hectare cultivé avec une application massive de
transgéniques (avec une dégradation �* moyen terme des terre agricoles).

La Crise financière (symbolisée par le déclin du dollar) - manifestation
d'une crise chronique de surproduction globale et l'épuisement des
ressources productives (crise de sous-production) sont combinées pour
marquer l'irruption d'un phénomène sans précédent dans l'histoire de la
civilisation industrielle.

Le déclin du dollar n'est pas seulement celui d'une monnaie, il s'agit
ainsi de la monnaie globale dominante, si c'était le cas les institutions
financières superpuissantes des pays riches pourraient imposer une
certaine alternative, évidemment au milieu de conflits féroces entre les
grandes puissances. Ce qui est en crise c'est la totalité du système
monétaire mondial en incluant le dollar et les autres devises 'fortes',
expression d'une crise- une décadence structurelle nourrie par (et
nourrissant) des désajustements qui vont en s'aggravant.


Por Jorge Beinstein
El Correo. Paris, le 15 janvier 2007.