"L'Etat belge a adopté une attitude docile en accordant, dans des
domaines très divers mais cruciaux, une collaboration indigne d'une
démocratie �* une politique désastreuse pour la population juive", selon
les conclusions de l'étude du Centre d'Etude et de documentation Guerres
et Société contemporaine (CEGES). Le pas de la collaboration passive �*
la collaboration active a rapidement été franchi, a indiqué le directeur
du CEGES, Rudi Van Doorslaer.
Les ordonnances du 22 octobre 1941 établissent qui est considéré comme
Juif et qui ne l'est pas. Cette politique de ségrégation est mise en
oeuvre en violation de l'ordre constitutionnel et légal belge. "Dès
1941, les secrétaires généraux et la haute magistrature négligent de
mettre le hol�* �* la dangereuse dynamique locale de collaboration",
souligne l'étude.
Celle-ci retient trois moments-clés. Le premier se situe en
octobre-novembre 1940. Il concerne la décision de l'administration
centrale belge et du sommet de l'autorité judiciaire de faire
enregistrer, �* la demande de l'occupant, la population juive par les
administrations locales.
Le deuxième élément-clé se focalise sur l'été 1942, lorsque la
déportation des Juifs figure �* l'ordre du jour de la police nazie. A
partir de cette époque, Bruxelles freine son élan de collaboration
maximale, les autorités communales refusant de distribuer l'étoile jaune
et de mettre leur police �* disposition pour une rafle. En revanche, la
police locale d'Anvers arrête de façon autonome 1.243 Juifs dans le
centre-ville et les livre aux autorités allemandes.
L'étude du CEGES égratigne la personnalité du bourgmestre catholique Leo
Delwaide, favorable �* l'Ordre nouveau. "Le bourgmestre Delwaide penche
vraisemblablement du côté de cette grande partie de l'élite de la droite
belge qui en 1940 et 1941, souhaite se débarrasser définitivement de la
démocratie", soutient le CEGES.
Enfin, le dernier moment-clé retenu se situe �* la fin de 1945,
lorsqu'après la Libération, la justice militaire parvient �* la
conclusion que l'instruction sur la collaboration aux rafles contre les
Juifs �* Anvers est beaucoup trop "délicate". Cette partie de l'étude est
la plus intéressante en raison des éléments nouveaux qu'elle apporte.
L'étude se veut une exploration systématique et approfondie des divers
aspects de l'intervention des services publics belges dans la spoliation
économique, l'enseignement, l'emploi et le domaine policier. Selon les
auteurs du rapport, "le manque de préparation juridico-administrative �*
une seconde occupation, mais également la culture xénophobe, parfois
antisémite de l'élite dirigeante, ainsi que, globalement, le déficit
démocratique dans les années 1930 et 1940, peuvent être considérés �* cet
égard comme décisifs".
Le rôle du Palais est également épinglé. "Il est clair qu'en 1940-41,
une grande partie de l'élite politico-administrative traditionnelle de
la Belgique occupée soutient une forme d'Ordre nouveau (...) On pense �*
un régime autoritaire éclairé, une variante belge du régime de Vichy,
soutenue par le roi et s'appuyant sur une représentation corporatiste
des groupes sociaux".
L'étude n'est pas tendre non plus pour le gouvernement Pierlot en exil �*
Londres. Si le premier ministre s'exprime "par principe" contre les
persécutions raciales et religieuses au début 1942, "cette posture reste
pour l'essentiel de l'ordre du discours", souligne l'étude précisant que
"les réfugiés juifs ne recevront en général d'aide que lorsqu'ils
possèdent la nationalité belge".
http://www.lesoir.be/actualite/belgi...es_juifs.shtml
--
Quotidiennement updatés, et avec photos, les "Saviez-vous que...",
sont enfin disponibles en ligne :
http://diberville.blogspot.com/
"Davon geht die Welt nicht unter, sieht man sie manchmal auch grau".